Stan Mathis, l’élégant et efficace rock
Il nous vient de ce flamboyant creuset lyonnais où toutes les esthétiques de la chanson se croisent et se nourrissent mutuellement. Stan Mathis est un rocker, doué à l’envi : à l’écouter on sait que son art ne se résume pas à la seule musique et que ses textes ont non seulement de la consistance mais une patte, une personnalité qui ne peut que forcer le respect.
Sorti il y a quelques mois, son nouvel album, 57.75, fut pour lui l’opportunité, pour ne pas dire le rêve, d’accomplir un rêve d’ado : enregistrer à Ferber, le studio de légende parisien. A La Fabrique de Sain-Rémy de Provence et à L’Artisterie de Villeurbanne aussi. Et la rencontre avec Dominique Blanc-Francard, qui donnera tant la tendance de l’album que des musiciens de renom et douze titres qui font honneur au laser qui les supporte.
Stan Mathis ne chante pas pour passer le temps : ses mots sont précis, acérés, efficaces. « Des textes porteurs d’enjeux de société, colère et dénonciation des comportements pernicieux, rage de vivre et espoirs de lendemains heureux, force du souvenir et mélancolie ». Dans un décor de batterie rageuse et de guitares saturées, Mathis se balade dans un monde sans illusions, prélevant à l’air du temps son trop plein de déceptions sociétales, politiques, sa mélancolie : « A force d’accepter de subir / Il ne nous reste presque rien / Fatigués de nos urgences / Révoltes avortées par le temps / On reste avec nos évidences / Avec nos colères de perdants / On croyait, on croyait en tout ça / On croyait, tellement, tu vois / Mais on sait désormais, que ça n’existe pas / Ça promet, ça promet, mais ça ne tient pas ».
Le ciel est trop sombre, trop encombré, pour que perce vraiment l’espoir, que crèvent les abcès. Bien sûr, à fouiller les vers, soulever les mots, les soupeser, il y a l’espoir de lendemains meilleurs, mais c’est surtout le constat des vies bloquées qui s’impose à nous, la désillusion d’un bout à l’autre, ou peu s’en faut.
Baigné depuis toujours dans une culture blues-rock, Stan Mathis revient pleinement dans le rock avec ce disque qui ne peut être que remarqué (forcément : il est remarquable !). Et qui s’achève par la seule reprise des douze plages : une de Will Oldham, Tonight’s Decision (and hereafter), comme pour mieux s’arrimer à un belle tradition, à une culture dont il montre qu’il en est un des fiers représentants.
Stan Mathis, 57 75, Stardust 2022. Le site de Stan Mathis, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. »Excuse my french » :
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