Namur 2022. Eddy de Pretto, en vert et contre tout
Les Solidarités, Namur, 27 août 2022,
C’est avec un pincement au cœur qu’Eddy de Pretto s’en est venu fouler la scène namuroise : sa prestation clôturait en effet la tournée centrée sur son deuxième album, A tous les bâtards, sorti en mars 2021. Il y avait assurément pire endroit pour solder ce compte, tant le public belge lui a réservé un accueil chaleureux.
L’artiste serait-il devenu militant écolo ? Toujours est-il que le vert a envahi l’espace : devant un grand rideau vert en fond de scène, les instruments de même couleur attendent les musiciens, une estrade verte dressée à leurs côtés. Point trop n’en faut toutefois : les cinq musiciens sont vêtus de bleu et l’artiste se produit dans une tenue conforme à sa normalité revendiquée : short noir et baskets, chaussettes de tennis, casquette et tee-shirt blancs. On a déjà connu plus glamour…
On ne s’en formalise évidemment pas, l’intérêt d’un concert d’Eddy de Pretto ne résidant pas dans sa mise en scène ou sa garde-robe. On aime l’artiste pour la puissance de ses mots, son univers sombre, ses failles qu’il nous dévoile sans fard, la viscéralité de ses chansons. Avec lui on s’inquiète du futur dès l’entrée du concert (Neige en août), on poursuit dans la nostalgie d’une adolescence pourtant banale (Créteil Soleil) et la virilité toxique (Quartier des Lunes). Le reste du répertoire est à l’avenant : révolte face à l’injustice (Dites au monde que rien ne pourra nous arrêter / Dites-leur que c’est au perdant de gagner), autoportrait qui se complaît dans la noirceur (A quoi bon ?), marginalité revendiquée (Parfaitement)… Heureusement, même s’ils ne sont guère plus gais, les titres les plus connus de son premier album (Fête de trop, Random ou Kid) donnent l’occasion au public de chanter avec l’artiste et apportent un peu de baume au cœur. Un chant triste repris par mille voix en devient tout de suite plus joyeux !
Depuis la tournée qui avait suivi son triomphal premier album, Eddy de Pretto a incontestablement gagné en aisance sur scène. Son univers musical s’est étoffé avec bonheur : fini les concerts accompagnés de son IPad et d’un unique batteur, place à cinq vrais musiciens venus nourrir ses chansons. Son chant, à mi-chemin entre la chanson de tradition et le rap, est puissant et sobre. On le devine en outre plus apaisé, plus serein. On ne peut bien sûr que s’en réjouir pour lui, tout en déplorant le décalage qui se fait dès lors ressentir avec son univers d’écorché-vif, plus forcément en phase avec l’image qu’il dégage à présent. Concert de transition alors, que celui que nous avons vécu ? Il y a probablement un peu de ça.
Quoi que l’avenir nous réserve, il ne fait aucun doute qu’Eddy de Pretto demeure un artiste à suivre, dont l’œuvre prendra de l’ampleur avec la maturité. Le futur lui appartient.
AVANT CELA…
Dans l’après-midi, nous avons pu faire connaissance de Poupie, 24 ans au compteur, auteure-compositrice passée par The Voice. De la pop aux accents de reggae, cool et dansante, qu’elle interprète en français, anglais ou espagnol d’une voix brisée qui n’est pas sans rappeler Angèle. Avec en prime une reprise du Bongo bong de Manu Chao. Cela manque encore de personnalité et surtout de chansons marquantes, mais l’affaire est à suivre.
Le site d’Eddy de Pretto, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
Le facebook de Poupie, c’est ici.
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