Mes aïeux « Le déni de l’évidence »

(…) Tout le monde le sait qu’il faudra se lever mais pour l’instant
On danse la danse du déni de l’évidence
On danse la danse du déni de l’état d’urgence
Mais pense quand tu danses à l’énergie que tu dépenses
Pense au temps que tu prends pendant que les aiguilles avancent
Tactique, politique économique et sans éthique
Cynique et pis apathique, on décide qui est apathique (…)
Et elle avance, elle avance, la date d’échéance (…)

Mes aïeux

Paroles Stéphane Archambault et Frédéric Giroux, Musique Frédéric Giroux. Extrait de l’album « La ligne orange » 2008

En ce moment où il n’y a guère que nos gouvernements pour remettre à plus tard les urgentes mesures à prendre contre le réchauffement climatique, alors que tous ceux qui ont un peu de conscience se posent des questions sur la pérennité de notre civilisation de gâchis, on navigue un peu à vue entre accablement, révolte et, pour se protéger, déni ou repli sur soi, quand certains trouvent dans le complotisme une raison  dans un monde déraisonnable, ou que d’autres se jettent dans le divertissement pour oublier.
Parmi les lanceurs d’alerte, il y a de nombreux artistes qui appellent au secours depuis longtemps, depuis Raymond Asso et son Tout fout l’camp (de 1939, quand même !) « Nous sommes maîtres de la terre / Nous nous croyons des presque dieux / Et pan, le nez dans la poussière / Qu’est-ce que nous sommes, des pouilleux / Et là-haut les oiseaux / Qui nous voient tout petits, si petits /  Tournent, tournent sur nous / Et crient « au fou, au fou »" chanté à l’époque par Damia et Piaf, puis plus récemment par Juliette entre autres, en passant par le Sur un volcan de La Maison Tellier « A quoi sert notre venue / Oh danser, danser / Tout est perdu / Dansez / Le tigre a faim / Dansez / Vous n’avez plus rien / Dansez / Petits bouts de chair / Dansez / Au bord du cratère », et bien d’autres. Mon confrère Robert Migliorini appelle mon attention sur cette chanson du groupe québécois Mes aïeux. 

Le groupe, essentiellement constitué de Marie-Hélène Fortin, Stéphane Archambault, Benoît Archambault et Frédéric Giroux, exerce son art depuis 1996. Classé comme néo-trad, il se sert en fait de la base folklorique québécoise toujours très vivace pour attirer notre attention avec humour et passion sur les incohérences de notre monde moderne. Ils ont publié six albums entre 2000 et 2012, depuis Ça parle au diable (2000) jusqu’à À l’aube du printemps (2012). En 2004 En famille fait un carton avec le tube Dégénérations écrit rapidement, dont nous parlait Agnès André, disque d’or puis de platine, et quatre fois récompensé en 2007 par des prix Félix  (chanson populaire de l’année, groupe de l’année, meilleur album catégorie Folk contemporain…).

La ligne orange plus spécialement axé sur l’environnement et la perte des repères dans le monde contemporain remporte également  le Félix de l’album Folk-Contemporain, du Groupe de l’année, ainsi que celui de la Pochette de Disque. 

Le groupe a fait de grandes tournées en France et en Europe en 2006, 2007, 2008, 2010. À l’aube du printemps, sorti après leur appel du 22 avril 2012 à marcher pour le Jour de la terre, continue à mobiliser pour le respect des ressources en harmonie avec la nature. Après 2013, ils font une pause de cinq ans, reviennent en 2018 pour un concert puis en 2019 pour une tournée estivale, La revoyure. 

Il faut écouter également La toune en on de l’album En famille, 2004, une valse très critique sur les gouvernements et leur gestion du monde « Méga-compagnies, expansions et fusions / Une autre année record, profit de cent millions / Nouvelle stratégie, belle philosophie d’entreprise et restructuration / Mises à pied massives, coupures et compressions / Les ressources s’épuisent, y’a pus d’jus dans l’citron », tellement d’actualité.