Namur 2022. Hoshi, dans l’air du temps
Les Solidarités, Namur, 26 août 2022,
Beaucoup de monde ce soir pour applaudir la jeune vedette, qu’on ne pensait sincèrement pas si populaire. Un effet secondaire de la mini-tempête médiatique (les propos crétins de Fabien Lecœuvre, l’homme qui ne veut voir sur son écran de télé que des « beaux mecs et des filles sublimes »), dont elle a été le centre, bien malgré elle ? A voir le nombre de bouches reprendre ses refrains en chœur ou murmurer ses chansons du début à la fin, on ne peut en tout cas que dresser le constat : du haut de ses 25 ans, Hoshi est en phase totale avec son époque, en communion d’esprit avec la jeunesse d’aujourd’hui.
Entourée de quatre musiciens sobrement vêtus de gris, elle débarque dans une tenue improbable, tee-shirt vert frappé du logo Nirvana sur court legging noir, ses cheveux comme d’habitude noués en chignon à l’instar d’une geisha, le sourire contagieux et l’énergie en bandoulière. Une Catherine Ringer 2.0, diront les anciens. Et c’est parti pour une heure de pop entraînante et dansante, emmenée par une Hoshi aux anges de rencontrer un tel accueil. L’ambiance était résolument à la fête et le public prêt à s’enflammer.
Qu’on ne s’y trompe toutefois pas : si la forme des chansons est enlevée, le fond en est rarement réjouissant. Enfants du danger brosse ainsi le portrait d’une génération inquiète de sa survie dans une planète bousillée, Médicament évoque la dépression, Allez là est une exhortation à la résilience, Femme à la mer se penche sur l’alcoolisme… Des chansons teintées de vécu, qu’il s’agisse de souffrance sentimentale dans ses titres d’amour brisé (J’te pardonne, Et même après je t’aimerai) ou de l’évocation de sa surdité précoce dans le sensible Fais-moi signe. De la chanson de combat enfin, avec le titre Amour Censure, au refrain militant : « Est-ce qu’on va un jour en finir avec la haine et les injures ? / Est-ce que quelqu’un viendra leur dire / Qu’on s’aime et que c’est pas impur ? », qu’elle interprète après s’être couverte du drapeau LGBT, tandis qu’en fond de scène défilent sur l’écran quelques morceaux choisis et glaçants des menaces reçues suite à une prestation télévisée qui l’avait vue embrasser sa musicienne.
Après l’incontournable Marinière reprise en chœur par le public enthousiaste, le concert s’achève sur une ultime confession angoissée de l’artiste : « J’ai peur du vide et de l’espace, parfois l’avenir me désenchante / Qu’on m’examine, qu’on m’remplace, de devenir une étoile filante / Peur qu’la vie me laisse des traces ou pire, qu’elle me rende méchante / Peur des rides, du temps qui passe, de devenir une étoile flippante ». Au vu de la ferveur des applaudissements qui ont salué sa prestation, Hoshi peut pourtant se rassurer : elle est bien partie pour durer. On en prend le pari.
MAIS AUSSI
Sur la même grande scène en ce vendredi, également deux artistes déjà chroniqués il y a peu. Le concert de Gauvain Sers (vu à Bruxelles en mars), bien que réduit à une heure – festival oblige –, a survolé sa courte carrière, alternant ses déjà classiques (Pourvu, Dans mes poches…) et ses nouveaux titres. Le chanteur a, comme d’habitude, remporté haut la main la coupe de l’artiste le plus modeste et le plus sympathique, et ravi ses admirateurs comme les novices qui le découvraient.
Pour conclure la soirée, Grand Corps Malade nous a offert un concert évidemment semblable à celui présenté aux Francos de Spa en juillet. Le plaisir pris à le suivre ne fut pourtant émoussé en aucune façon. Une certaine idée de la perfection.
Le facebook de Hoshi, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
Le site de Gauvain Sers, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
Le site de Grand Corps Malade, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
Gauvain Sers « Ta place dans le monde » :
Grand Corps Malade « Mesdames » :
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