Barjac 2022. Jeanne Rochette, le banal qui devient lumière
Sauvé dans Anne-Marie Panigada, En scène, Festivals, L'Équipe
Tags: Barjac 2022, François Puyalto, Jeanne Rochette, Nouvelles
3 août 2022, Barjac m’enchante, Espace Jean-Ferrat
C’est une dame jolie mais finalement banale, que rien ne distinguerait dans la foule. Même sa tenue l’est, robe à fleurs que le corps s’amuse à plisser et petite laine. Mais elle est artiste et, ce soir, se produit là devant nous, sur le grande scène, sous ces projecteurs qui la grandissent, la muant en possible et probante star. La vie est en elle, gourmande, facétieuse, qui se pare tant du futile que du géant, du grave parfois quant elle évoque le futur de la planète. Amoureuse et inquiète. Avec, je crois, un égal talent. Elle est de deux cultures : celle, parisienne, de naissance ; celle, québécoise, de gré, de volonté. L’inné et l’acquis. Son art se nourrit des deux, comme un plus, discret mais soutenu, avec des intonations parfois qui accentuent la focale, la profondeur de champ. Presque imperceptible, on sent néanmoins, « dans la vallée, dans le village… » ce pays de poudrerie cher à Vigneault.
Tout est dualité ici, tout est duel, le calme et la tempête. Tout est expressif en elle tant que c’en est joie de la voir évoluer en cette avant-scène, de la voir se mouvoir, nous émouvoir. Moi, elle m’a happé de ses regards, de son art ; d’autres, je le sais, sont resté insensibles à son offre… On peut ne pas plaire à tout le monde. Ce ne fut certes pas le grand événement de Barjac, mais un set probant, j’ose dire passionnant, où la dame donne tout. Et force est de constater qu’elle donne beaucoup ; de son talent, de sa grande énergie..
Superbes musiciens, dont le bassiste-chanteur François Puyalto qui, avec parcimonie, donne la répartie à notre belle blonde…
Le passage de Jeanne Rochette restera cependant marqué par un micro-événement. Elle qui nous chante « Tu seras ravi de plus la voir / Tu as rompu le fil » a vu, deux titres avant le terme de son set, l’imbécilité rompre le sien, qu’elle avait patiemment tissé tout au long de son concert. A l’annonce de la fin qui approche, une voix féminine est venue du parterre, rompant le fil d’un ton cassant, volontairement blessant, hargneux : « Tant mieux ! » Froid, effroi devant tant de bêtise. Comme un couteau au cœur d’une artiste forcément à nu, comme l’est tout(e) artiste qui se donne sans compter, sans armure ni bouclier pour se parer de l’ignoble, de la connerie. Que cette spectatrice – une animatrice chanson de radio, dit-on – s’abstienne à l’avenir de telles interventions, qu’elle s’abstienne tout court de tout concert : elle ne mérite qu’un unanime et définitif mépris.
Le site de Jeanne Rochette, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
Bout de ficelle
Quand je m’aime pas
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