Barjac 2022. Tamazit-Magny, pour nous, les gens de la moyenne
Sauvé dans Anne-Marie Panigada, En scène, Festivals, L'Équipe
Tags: Barjac 2022, Lila Tamazit, Nouvelles
1er août 2022, Festival Barjac m’en chante, chapiteau
Permettez-moi cette facilité, ce pléonasme, en voyant dans la prestation de Lila Tamazit un énorme coup de poing que le reste de la programmation, quel qu’en soit l’intérêt, ne pourra estomper, à plus forte raison balayer. Il est de ces récitals qui vous marquent à jamais, qui vous éclairent plus que d’autres sur nos temps contrariés, qui vous inoculent le supplément de révolte nécessaire. « Frappe ton cœur / C’est toi qui a le génie ! » C’est toi, c’est nous, ce sont elles : Lila Tamazit, là devant nous (avec Vincent Viala au piano et David Georgelet aux batterie et percussions, formidables tous deux), et, dans je ne sais quel ciel qui de toute façon n’existe pas, dans nos mémoires vives en tout cas, Colette Magny, le pachyderme de la chanson, celle qui encore aujourd’hui vous fait frissonner le derme.
Comment vous dire ? De Répression en Melocoton, Tamazit ne fait que chanter, que hanter, le répertoire de Magny. Ça pourrait n’être qu’un récital particulièrement bien réussi de Tamazit, mais en fait j’ai vu par elle Magny en scène, je l’ai revue et c’était elle, c’était bien elle. L’absence me fut longue, éternelle, pas vue depuis un fameux après-midi de la fête de l’Huma, alors en duo avec Brenda Wooton. Tamazit c’est tout Magny, le courage, l’énoooorme culot, le talent à profusion. Et ce regard sur nous, sur le temps présent. Certes, les chansons nous parlent de Cuba, du Vietnam… Mais nous sommes, le savez-vous, en temps de guerre, comme avant ou presque. Elle me chante la répression, c’est d’hier certes mais c’est d’aujourd’hui en macronie : que croyez-vous qu’ils font les Jupiter, Castaner, Darmanin et Lallement qui tapent tapent tapent et font dans la retape ?
En chantent hier, en reprenant à merveille la Magny, Tamazit nous chante aujourd’hui. Ce fut, à Barjac, le concert le plus réaliste, plus encore que Narcisse et c’est peu dire, le plus politique et de loin. Et, je crois, le plus beau, le plus bouleversifiant : la preuve, vous n’en sortez pas intact, un peu cassé, cabossé, comme après une attaque démocratique de CRS.
Elle chante et vous entendez les bombardiers, Vietnam hier, Ukraine à deux pas d’ici. Où va-t-on ? Le verbe de ces dames a l’urgence de dénoncer et le talent de le faire. On se se distrait pas de ce spectacle mais on en sort grandit ; Préparons les calicots des révoltes de demain, d’après-demain. Il y avait en ce chapiteau du Pradet un peu de places célèbres, de la Bastille et de La République, un vent de révolte qui plombait la canicule du moment et nous rafraîchissait : « Ah, qu’il ferait bon vivre / Sur la terre promise / Où l’on s’aimerait / Où l’on s’aimera ». C’est fou comme les chants d’espoir et de luttes vont si bien au teint, au ton de Barjac.
Le site de Lila Tamazit chez Les voix.fr c’est ici. Celui du Trio chez Prado Records là. La page facebook du Lila Tamazit Trio chante Colette Magny. Ce Que NosEnchanteurs en a déjà dit, ici.
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