Antraigues 2022. Le Barcella, la guêpe et la Huissoud [3/3]
Sauvé dans En scène, Festivals
Tags: Antraigues 2022, Barcella, Garden Partie, Leïla Huissoud, Nouvelles
Festival Jean-Ferrat, Antraigues-sur-Volane, 15 juillet 2022,
Lui se nomme Pierre Dodet : il est le chanteur et parolier du groupe Garden Partie. C’était bien parti, et puis… Au terme de la deuxième chanson, il s’étouffe, panique, devient tout rouge sans encore avoir chanté Ferrat… Il vient non de ravaler sa salive mais d’avaler une guêpe, à la manière d’un amuse-gueule, et précipitamment quitte la scène pour mieux la digérer.
Une ambulance arrivera bientôt. Plus de peur que de mal. Histoire de ouf !
Elle, elle a une taille de guêpe (les complotistes diront bien que c’est elle qui vient ainsi d’écourter la première partie…), des yeux d’abeilles et des gestes qui fourmillent d’expression. C’est Leila Huissoud. Bien sûr que, dans le public, se trouvent quelques de ses fans qui la suivent de partout. Mais c’est quand même devant une assemblée qui la connaît peu, ou pas, qu’elle se produit ici. Et ça marche ! Juré que les applaudissements qui ponctuent ses chansons ne sont pas que de politesse. C’est que cette jeune dame est nature, spontanée, sincère, et que ses mots, parfois bien plus gros qu’elle, font partie de la vie. Elle est – et le chante – cet Auguste clown, qui jongle avec les vers et les notes : « Ce sera Auguste, on choisit pas / De quel côté des rires on va / Moi j’ai pioché l’air?imbécile / Qui?caractérise le style ». Des trucs de bon sens, elle qui s’ingénie souvent à rétablir le sens du monde, le remettre à l’endroit : « On fera un enfant communiste / Sur la plus petite des montagnes… »
A Antraigues, convenons que c’est l’endroit ou jamais… De sa petite voix acidulée, notre Chianteuse fait merveille, croque et craque la vie, de l’avis de tous. Dernières paroles, derniers accords, et la grande dame nous quitte déjà. « J’me mets au majeur, à la lutte au sol / L’accord à l’honneur, vous baise sans bémol / Votre heure est sous la main, je retire le capot / Et vous finis sur le dos… »
Moins connu ici que Leila Huissoud, c’est Barcella, le Rémois devenu depuis peu Ardéchois. Lui et son barnum de chansons, des petites qui à l’usage deviennent grandes, tant la scène et le talent les révèlent à leur juste dimension.
C’est incroyable, fabuleux, de le voir faire, comment il transforme le public pour s’en faire le plus sûr complice et ami qui soit. Comment il va le chercher et l’enserre dans ses vers, dans leur ivresse. Comment il chamboule nos cœurs et nos corps. On se doutait qu’il saurait s’imposer au public, parfois réticent, de ce festival mais, là, chapeau, bravo l’artiste ! C’était sans doute là le plus grand moment de ce festival, le plus radieux… « J’ai tant aimé l’écume / Et le goût du silence / Attiré par la lune / Ruisselante / J’ai caressé mes rêves / De mes mains abîmées / Et du bout de mes lèvres / Gercées ». C’est une douce poésie, tantôt audacieuse, brandie comme un étendard, tantôt mélancolique. Des mots d’humour, des mots d’amour. Et parfois d’autres vers qui, sans vous glacer, vous interpellent, comme cette Mémé qu’on met en maison de retraite parce qu’on ne sait plus qu’en faire… Des mots réjouissants aussi, comme cette Salope, qu’on aime reprendre avec lui, à l’adresse de tous les maux. Superbe Barcella, désormais indispensable. Lui peut y revenir ici tous les cinq ans : il faudra juste agrandir la place, agrandir la surface d’applaudissements.
Le site de Leila Huissoud, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là ;
Le site de Barcella, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Merci, merci encore pour cet autre volet de ce festival …. et merci pour Barcella ! Oui c’est incroyable comme il sait nous emmener avec lui pour humour, tendresse, amour … c’est un très grand de la chanson