Off Avignon 2022. Petite Gueule et grand succès
Il vous reste un jour pour aller voir Petite Gueule, de passage pour quelques jours seulement à l’Arrache-Cœur à Avignon, le dernier spectacle ayant lieu ce lundi 25 juillet à 16h30. L’an dernier elle arpentait Avignon lors du festival, les yeux brillants de l’envie d’y participer, se produisant en public au coin de la rue et attirant déjà des badauds conquis. Cette année correspond bien au titre de son nouvel EP quatre titres, Petite gueule présente.
Nous avons déjà fait sa connaissance sous toutes ses facettes, et il faut bien dire qu’elle brille beaucoup. Manon Gilbert, ce petit bout de femme qui tient bien sa place, est pianiste classique, comédienne, chanteuse, et habite Montreuil. La longue période de confinement a cloué le bec à certains, et poussé d’autres à l’ouvrir, leur… petite gueule. Capable de jouer du piano comme au concert, comme de créer des ambiances musicales et des boucles du bout de son pied de danseuse (ah oui, aussi), la petite bombe, t-shirt à manches sportivement rayées, lunettes de soleil, baskets et pochette banane sur le ventre, s’apprête à conquérir le monde, tout en faisant une pirouette de son court tutu de danseuse.
Si elle n’a encore publié que quatre chansons-rap dans son premier EP, sur scène c’est une dizaine de titres qu’elle présente, suivie par le public, qui bat des mains, chante les refrains, répond « Gueule » à la petite, suspend son souffle sur cette Madeleine plus intimiste. Et quand elle se met au piano, comme au concert, crescendo, c’est tout le public qui lâche prise, crie, fait bravo par la voix innocente d’un tout petit garçon.
Tout son EP, de « Ça m’énerve, « Ça m’énerve, la p’tite voix qui m’dit c’que j’dois / Ça m’énerve, qu’on s’mette dans des cases comme ça / Ça m’énerve, le temps qu’on perd à douter d’soi» - titre avec lequel elle ouvre le concert à Posé en passant par Moi j’crois aux fées et son « padadam » – répété à l’envi par le public, et Viscéral, belle déclaration d’amour à sa mère.
Et aussi la génèse de son rap : après Youssoupha, Kerry James ou Médine qui ont chacun chanté Le jour où j’ai arrêté le rap, elle nous donne Le jour où j’ai commencé le rap. Et en attendant elle envoie ! Sans renier la chanson française ou le Théâtre, qu’elle transforme à sa sauce, avec humour, détournant Mes hommes de Barbara, réécrit en Je vole, faisant d’Edmond Rostand le premier rappeur, soulignant par là même la modernité de cette tirade des Non merci, moins connue que celle du nez et pourtant si actuelle : « Grimper par ruse au lieu de s’élever par force ? / Non, merci. Dédier, comme tous ils le font / Des vers aux financiers ? Se changer en bouffon / Dans l’espoir vil de voir, aux lèvres d’un ministre / Naître un sourire ». Mixant Dimey et Reggiani dans un battant « Faut vivre » ou jouant Les jours heureux de Ben Mazué à l’omnichord.
Il ne manquera pas même le Concerto pour triangle, que nous avions tant aimé, ici en solo, pour une conclusion en beauté et en espoir – oui, chacun a sa place – pour ne pas finir sur une petite chanson sur la mort, cousine de celle de Brel.
Off Avignon 2022 présenté par Adone Productions, Théâtre de l’arrache-cœur (13, rue du 58è R.I – Porte Limbert) – Salle Barbara-Weldens jusqu’au 25 juillet 2022 à 16 h 30
La page facebook de Petite Gueule c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
Rappel :
Adone Productions a présenté sur le créneau de 16h30 (1h) :
du 7 au 10 Le Noiseur. Le dandy décalé promène sa nonchalance étudiée tout au long de son dernier album Relax, paru fin 2021. Comme une chaleur tropicale dans son trip entre survêt et costume blanc, mine de rien il parle de notre époque avec talent et une tendresse mélancolique.
du 11 au 17 Sarah Mikovski. Tendre, pétillante, audacieuse, amicale, elle surprend et séduit de sa présence chaleureuse.
du 18 au 25 Petite gueule.
Et à découvrir si ce n’est déjà fait :
du 27 au 30 Bonbon Vodou. Comme le nom l’indique, c’est étonnant, envoûtant, engagé, doux, profond, et créole. On les aime tellement (disque de l’année 2021 pour NosEnchanteurs) qu’on a chroniqué deux fois leur dernier album, Cimetière Créole, ici et là.
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