Spa 2022. Terrenoire enflamme et Brasero souffle sur les braises

Terrenoire (photos Pol de Groeve)

Francofolies de Spa, 20 juillet 2022,

Spa, ville d’eaux (mais pas que !), son charme désuet, son gros festival annuel, petit cousin de son aîné de La Rochelle. Depuis 2016, Nos Enchanteurs a le plaisir et l’honneur de pouvoir y participer de bout en bout et d’en faire immédiatement profiter ses lecteurs. Le cru 2022 ? Soyons francs : il ne s’annonce guère innovant sur papier. Heureusement, l’expérience nous a appris que l’on n’est jamais à l’abri de bonnes surprises et c’est donc avec confiance que nous abordons ces 4 journées pleines de musique et de bonne humeur. Attachez vos ceintures, c’est parti.

Terrenoire, le sang neuf.

Premier passage aux Francos de Spa pour le duo stéphanois, auréolé de leur récente Victoire de la musique, catégorie « Révélation ». Programmé sur une scène un peu à l’écart, Terrenoire a débuté sa prestation devant un public clairsemé et avide de découverte, pour l’achever une heure plus tard devant une foule compacte et enthousiaste. La marque du talent.

Un concert tendu et intense. Accompagnés de deux comparses aux claviers et à la batterie, les frérots Raphaël (le grand) et Théo (le cadet, nettement plus chien fou) imposent leur univers sans grands effets, juste portés par leur énergie communicative, la sympathie immédiate qu’ils suscitent et le métier qui permet de mettre ces atouts en valeur. On y chante l’amour charnel (Baise-moi, font-ils reprendre par le public), l’optimisme forcené (Ça va aller), le deuil du père (Derrière le soleil), la fin du couple (L’infini)… C’est du pop-rock à tendance électro, bien dans l’air du temps, dansant en diable, entrecoupé de morceaux plus calmes et sensibles. Dit comme cela, cela ressemble à ce que proposent des centaines de groupes. La connivence totale entre les deux chanteurs, qui se donnent sans compter pour imposer leur univers, sans pouvoir se reposer sur des morceaux connus de tous, est le petit plus qui fait la différence. Le sourire affiché par tous les visages de l’assistance à la fin du show disait mieux que tout discours comment le groupe avait emporté le morceau. Pas besoin d’être devin pour leur prédire un bel avenir.

Brasero, le culte du souvenir.

Brasero (photo d’archives La Province Sudinfo Alain Siemes)

Pierre Rapsat est intimement lié à l’histoire des Francos de Spa. Il fit en effet partie de l’équipe fondatrice et s’y est produit à plusieurs reprises. Son nom a été donné à la plus grande scène du festival et les organisateurs ne manquent jamais l’occasion de rappeler tout ce que le festival lui doit. Il est donc logique qu’un hommage particulier lui ait été rendu pour les 20 ans de son décès, survenu le 20 avril 2002, alors qu’il n’avait que 53 ans.

C’est le groupe Brasero qui se charge depuis quelques années d’entretenir la flamme. Avec respect et compétence. Avec les limites que cela peut entraîner. Comme toute formation tribute, le but premier est en effet de permettre aux fans de revivre les grands moments de la carrière de l’artiste, et non réellement d’innover : similitude des orchestrations, reproduction des intonations et tics vocaux… Il s’agit donc moins de re-création que de mimétisme.

Ce petit bémol posé, reconnaissons le grand savoir-faire du groupe et le plaisir intact qu’il permet de réécouter, voire de découvrir pour les néophytes, les grandes chansons de notre Pierrot national (Passagers de la nuit, Aurore, Les rêves sont en nous, L’enfant du 92^ème, Ensemble…). Grâce lui en soit donc rendue.

Pour ces Francos, le public a en outre eu droit à une exclusivité, avec la venue de Thomas Rapsat, fils de, anciennement rappeur, qui a déclamé un texte écrit en hommage à son géniteur et interprété Pile ou Face avec le groupe. Par ailleurs, un gros brass band d’une vingtaine de membres est venu accompagner certains morceaux, permettant au concert de s’éloigner de la photocopie musicale qu’il était par moment.

Le site des Francos de Spa c’est ici.

Le site de Terrenoire, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là. Le facebook de Brasero, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.

Brasero « C’est toujours un mystère » :

Terrenoire « L’infini » :