Fabienne Pralon, la beauté consolante
Les intentions de Fabienne Pralon pour son nouvel album, le septième, ne cachent rien de son objet personnel devenu artistique : un voyage consolatoire après le décès de sa compagne. Le médecin Christophe André dans son tout récent ouvrage (Consolations. Celles que l’on reçoit et celles que l’on donne, aux éditions L’iconoclaste) livre un plaidoyer pour ce réconfort si nécessaire : « Les consolations, c’est tout ce que l’on espère, ou que l’on offre, quand le réel ne peut être réparé. C’est tout ce qui nous relève, écarte pour un instant nos désespoirs et nos résignations et ramène doucement en nous le goût de la vie ». Les mots de l’un (le médecin) trouvent leur illustration, leur accomplissement, dans les chansons de l’autre, Fabienne Pralon.
Artiste multiple comme nombre d’autres aujourd’hui (chanson, théâtre, ateliers d’écriture, réalisation de clips, direction de chorales) Fabienne Pralon a pris le temps de vivre, le dur et le doux indique-t-elle, avant de revenir avec onze titres résumés par le verbe actif conjugué au présent « J’apprends ». Cinq années de maturation, entre ville, campagne et océan, souvent en marchant avec pour ambition de varier les genres, sortir des cases. Sincère et légère écrit-elle forte d’une gravité apaisée. En somme, un disque comme une nécessité.
Et le voyage nous emporte dans une multitude de sentiments. Celui de l’absence bien sûr dans la chanson Qui sait ? : « Qui sait où / Vont ceux qui partent / Qui sait où ils sont. ». Ou encore du chemin à prendre : « A encaisser tous les doutes t’as trouvé ton île (…) T’as su prendre la tangente respirer meilleurs (…) Où aller encore / Faut-il quitter ce port / Quitte à perdre le nord ». Et vient la leçon de vie : « Plus j’avance et moins j’en sais / Alors j’en apprends tous les jours / Avant de laisser sans regret / Passer mon petit tour ».
Dans ces chansons où l’on évoque les départs sinon les retrouvailles, on parle de lumières, d’espoir, de petites gorgées de bonheur (comme dans la chanson Bain de bois) pour aborder d’autres rives. Au passage Fabienne Pralon s’amuse des accros du web, de la toile (Livre des visages) et s’agace de celles et ceux qui jouent aux petits chefaillons (Pas ce ton là). En bref : « respirer, oser, rêver et contrer… »
Les couleurs musicales sont au diapason de cet album qui s’inscrit déjà dans la liste des œuvres à recommander. Jérôme Rousseaux (Ignatus) est aux commandes avec Fabienne Pralon. Les guitares acoustiques de Nicolas Repac notamment dessinent le climat si particulier et réussi de l’album. Le livret bienvenu offre les mots d’une artiste intranquille et inventive. De ces chansons aux multiples facettes on ressort transformé. Comme dans la vie.
Robert MIGLIORINI
Fabienne Pralon, J’apprends, Ignatub & Allez Hop!, InOuie Distribution, 2022. Le site de Fabienne Pralon, c’est ici. On peut y commander l’album qu’il faut absolument écouter (superbe objet pour votre discothèque qui plus est)
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