Y’a deux disques sur la tête aux Matthieu
Deux CD, deux hommages, deux Matthieu. Le hasard veut que ces deux (superbes !) albums se rencontrent dans la boîte aux lettres.
Musicien, arrangeur, réalisateur de disques, auteur-compositeur-interprète et (pour plus encore de sel dans sa vie) paludier, Matthieu Ballet, condensé de multiples talents, a travaillé avec de grands noms tels que Miossec, Thomas Fersen, Alain Bashung, Alexis HK et pas mal d’autres. Un cancer de la peau agressif – le mélanome – l’a emporté en septembre 2019. Il avait pour projet ce Mélomane malin, initialement baptisé La Peau : ce titre, en référence à une anecdote de studio, le faisait beaucoup rire, comme un pied de nez à cette maladie qui lui ferait la peau. « T’étais tranquille dans ta maison / Et puis un jour il sonne / Le cancer n’épargne personne / T’étais tranquille et en peignoir / Tu l’avais pris pour un point noir… » : on peut aller sur wikipédia pour se renseigner sur le mélanome, on peut plus sûrement écouter cette chanson de Liz Cherhal pour tout savoir de ce mal malin. Créations ou reprises, les treize titres de cet album rendent hommage de près ou de loin au compagnon Matthieu Ballet, avec un générique fort intéressant : Liz Cherhal sus-nommée, Alexis HK, Miossec & Ernest de Jouy, Valérian Renault, Thomas Fersen, Polder, Lise Marais & Yan Péchin, Bertrand Bouessay, Delphine Coutant (autre paludière soit-dit en passant) & Simon Mary, Ignatus (à l’origine de ce précieux album), Merzhin & Nicolas Deutsch, Lise Marais & Pierre Sangra, Xavier Machault & Joseph Racaille. Matthieu Ballet méritait ce bel et bon hommage.
Le Mélomane malin, Ignatub 2022. On commande ce CD ici.
Lyonnais, Matthieu Côte était, aux yeux et oreilles de tous, destiné à une brillante carrière dans la chanson, un bel envol. Lui, c’est le cœur qui, sans crier gare, s’est fait la malle, nous laissant tous sur le cul. Ils sont nombreux ses copains artistes qui, encore maintenant et plus que jamais, ne sauraient concevoir un concert sans au moins un titre de Matthieu. L’envie de cet album remonte à longtemps, d’autant plus que le second album (posthume) de Matthieu Côte est resté bêtement dans les cartons, bloqué pour de sombres raisons, avec ses inédits alors voués à le rester à jamais. Des chansons que voici, portées par Balmino, Carmen Maria Vega, Nico Etoile, Frédéric Bobin, Evelyne Gallet, Loïc Lantoine, Leïla Huissoud, Cédric Laronche, Billie, Alexis HK, Les Soeurs Goudron, Pasquale d’Inca et Matthieu Côte lui-même. De cette livraison de chansons, une seule est connue, Qu’est-ce qu’ils sont cons, par une captation vidéo (voir ci-dessous) où, sadique et colère, Matthieu Côte nous fustige sans grande tendresse, nous les cons. Là, changement de ton, c’est dans le calme qu’en reprenant ce titre, Alexis HK nous assomme à son tour : « Nous, on a le monde à notre botte, 6 milliards de péquins moyens / Qui baissent docilement leur culotte et qui nous bouffent dans la main / Qu’est-ce qu’ils sont cons ces pauvres, qu’est-ce qu’ils sont cons / Ça, tant qu’on les culpabilise / Et que l’on sait les surveiller / Qu’on les distrait, qu’on les divise, aucun ne viendra nous saigner / Qu’est-ce qu’ils sont cons ces pauvres, qu’est-ce qu’ils sont cons… » Sur ce genre de disque, on n’élira pas une chanson ou un interprète : tous sont formidables, tous nous prouvent ici que Matthieu est toujours vivant, même s’il se fait porter pâle depuis septembre 2008, quatorze ans déjà. Que ses rimes et ses notes n’ont pas pris une ride, que, même absent, il compte toujours dans la chanson d’aujourd’hui. Ce disque si longtemps attendu, presque miraculeux, est une bénédiction.
Ceci n’est pas un disque de Matthieu Côte, autoproduction 2021. On commande ce CD ici.
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