Mendelson, the show must go down
Namur, Le Delta, 8 juin 2022,
Petit résumé de l’histoire : Mendelson, après plus de vingt-cinq années de bons et loyaux services, a décidé de retirer la prise. Non sans panache ni flamboyance. Cet adieu au monde a d’abord pris la forme d’un disque hautement recommandable, intitulé Le dernier album. Lequel trouve à présent sa concrétisation scénique dans une ultime tournée de derniers concerts. Le moment ou jamais pour voir ou revoir un groupe culte, dont le succès public est malheureusement inversement proportionnel à son aura d’excellence.
En prélude à cette prestation finale, voici une première partie assurée par… le chanteur du groupe, Pascal Bouaziz, seul avec sa guitare. La formule est originale, puisque le public est invité à lui poser des questions et, en récompense de cette initiative, a le droit de suggérer le titre qu’il souhaite entendre. L’occasion nous a été ainsi donnée d’apprécier les explications de l’artiste, empreintes d’humour à froid, sur ses lointaines racines belges, auxquelles il dit devoir sa dépression neurasthénique, mêlées à ses origines orientales, responsables quant à elles de ses névroses ! L’opportunité surtout pour les fans interrogateurs de goûter leurs titres élus dans une version dépouillée : Combs-la-ville, Scanning, Je ne veux pas mourir…
Place ensuite au groupe tant attendu. Mendelson, ce sont aussi quatre musiciens, que les éclairages laissent continuellement dans l’ombre, réservant les éclats de lumière à l’officiant en chef. Deux batteurs virtuoses (Sylvain Joasson et Jean-Michel Pires) et deux guitaristes pas manchots (Pierre-Yves Louis et Stéphane Pignol). Le concert s’ouvre sur une intro musicale tendance bruitiste, avant d’enchaîner avec La force quotidienne du mal, où le duo de batteries donne d’emblée sa pleine mesure, mêlant liberté des percussions et rythmes martiaux puissamment martelés. Une musique aussi oppressante que jouissive, qui vous saisit les tripes pour ne vous les rendre qu’à la fin du show.
Le morceau-phare du dernier album, L’Algérie, prend le relais. Une longue chanson de vingt minutes, d’une lenteur hypnotique, montant en force petit à petit, pour éclater dans un crescendo de feu et s’achever en douceur éteinte. Un voyage émotionnel d’une épuisante intensité. Le temps d’un morceau court (Les chanteurs), et le groupe nous emmène dans sa Ville nouvelle, périple noir et malaisant, tout en guitares stridentes et percussions impériales. Le sommet du concert, assurément, qui ramène le public à quai complètement lessivé, avant qu’un amer Héritage ne vienne encore enfoncer le clou de la noirceur. Le nostalgique et apaisé 1983 (Barbara) permet heureusement de se redessiner un sourire. Les titres ouvrant et fermant leur ultime opus (Le dernier album et La dernière chanson) s’en viennent alors conclure le bal. La messe est dite, la boucle bouclée, inutile bien entendu d’espérer un rappel. Ainsi s’achève le dernier passage belge de Mendelson. Un concert tendu à l’extrême, tranchant comme un couteau, sec comme un coup de trique.
A force d’applaudissements, le public est parvenu à faire revenir les musiciens pour un dernier salut. Avant de nous quitter sur ces paroles de Pascal Bouaziz : « Je ne vous dis pas à la prochaine. Dans une autre vie, on recommencera à zéro ». Chiche !
Le site de Mendelson, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit du groupe, c’est là.
« L’Algérie » Paris Petit Bain novembre 2021 :
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