Picon mon amour : picon et piquant

Picon mon Amour (photo Cueilleur d’instant)

Ah, si tout pouvait être aussi simple, avec des mots sans fard ni rimmel, sans maillot, loin de ceux étriqués, coincés, qui soigneusement évitent quelques vocables, quelques centimètres de peau, quelques poils aussi. Et le frisson, toute la gamme des émotions.

Picon mon amour c’est Lauren et Jojo, un couple sur scène comme dans le privé. Qui, sans ambage, sans complexe, chantent leur vie commune, leur amour, même et surtout physique, avec des mots déconcertants, ivres de naturel. C’est du franc-parler, un rien burlesque, que seuls les coincés du cul exécreront.

A tout prendre, pour faire son éducation sexuelle, découvrir les tenants et aboutissants de son intime, ses stratégies, on peut feuilleter quelques guides pratiques ou revues adolescentes. On peut aussi, ça me semble préférable, piquer à ses géniteurs les disques de Picon mon amour (les parents ou grands-parents pédagogues et délicats les laisseront négligemment traîner…), particulièrement ce Une bouteille à l’amer, troisième opus, aussi instructif que follement réjouissant.

« Oh il y a, si tu vas tout doux par là / Un plaisir fou comme ça / A l’orée de ma forêt à moi » Vous avez tout à la fois : la géographie, le physiologie et ce que pouvez en attendre, les attentions, les précautions aussi.

Il y a – on en connaît, vous aussi ne le niez pas – des chansons graveleuses, des « de corps de garde », des délicieusement suggestives, érotiques à souhait, des « dans l’air du temps » qui font souvent rimer les audaces bien souvent de ménagères de moins de cinquante ans. Et pis Picon, pis con. Le con, le cul, les nichons, tout s’y chante avec un naturel déconcertant, en tout point ravageur. Faut-il dire « jouissif » ? Du bonheur ! Qui plus est d’un rythme joyeux, entraînant, ose-dire dansant ? Ça l’est, comme deux corps qui dansent et (se) sautent en s’explorant mutuellement.

C’est l’essentiel des plages de ce disque instructif, et ce qu’on en retient la nuit. Et le jour. Chaque partie du corps a ses minutes de gloire, comme du Warhol appliqué à la chanson. Le clitoris, le pénis… Les seins ? « Appartiennent-ils encore à mon corps / Ou à ceux qui les dévorent ? »

On appréciera la verve et le verbe de ces deux-là, de leur inventivité, d’expressions qu’on leur jalouse : oh, « La nuit s’est vidée de sa sève » ! Le débit est tel que les deux voix mêlées nous rappellent le timbre d’Anis. Pas celui des sucettes, hein, encore que.

Avec Mamie Laine, notre duo explore cette ménopause qui explose la libido, anticipant des lendemains qui chanteront encore : « T’es dans leur lit t’as vite compris la chose / Qu’elles font tout sauf une pause / Y’a pas d’âge pour ce plaisir-là ». Visiblement, Lauren et Jojo ne sont pas prêts de quitter la scène.

Picon mon Amour, Une bouteille à l’amer, L’Eclectique/InOuïe Distribution 2022. Le site de Picon mon Amour, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.

« Nichons ni froid » :