Le Syndrome de Göteborg, maladie d’humour des Fatals Picards
Voilà un beau cadeau de départ pour notre ex-ministre de la culture adorée, Roselyne Bachelot. Il faut dire que pendant ces deux ans de « guerre », elle aura beaucoup aidé le groupe en le privant de scène et en le contraignant à s’enfermer pour écrire, composer, enregistrer et produire ce très bel album.
Laurent Honel, Jean Marc Sauvagnargues, Yves Giraud et Paul Léger ont encore battu des records de financement participatif pour cet album. Le public fidèle répond avec un enthousiasme impressionnant ce qui permet au groupe de créer en artisan, autonome et libre. En plus de vingt ans de carrière et plus de mille cinq cent concerts, le groupe a tissé des liens forts avec son public. Ce soutien indéfectible rare et précieux vaut bien tous les matraquages médiatiques même si l’on regrette que le grand public n’ait pas assez la possibilité de découvrir la qualité du travail de ces quatre garçons en TV et radio. Le cocktail reste toujours savoureusement équilibré : un quart d’humour, un quart de rock, un quart de chanson française, un quart d’énergie et trois quart d’engagement. Surabondance de quarts certes mais il faut bien ça pour aborder des sujets aussi essentiels que Les Playmobils complotistes, Le Pull Moche de Noël, le délire survivaliste de Psycho Tanker (prélude au grand effondrement : « Tu feras moins le malin / Quand des hordes de Nazis / Ou de cégétistes en fin de droit / Violeront ta femme et ton chat »).
On apprend aussi que les gens atteints du Syndrome de Göteborg ne peuvent s’empêcher de dire tout haut, de façon un peu trop désinhibée, ce qu’ils pensent tout bas, une forme de « maladie orpheline qui n’a jamais eu de parents ». Il faut découvrir le clip ci-dessous : Xavier Lacouture en Tonton Michel vaut le détour.
9 Milliards s’affirme en ode à ce fleuron français, l’industrie de l’armement, dans une vision déculpabilisée : « Mon pays vend des armes / On va pas en faire un drame / Et c’est moi qui les fabrique / Sans état d’âme sans éthique ».
Il faut bien se rendre à l’évidence Les Fatals Picards vouent une forme de fascination pour les dictateurs. Après Kim et Poutine, les voilà Sous les Tilleuls de Barcelone pour un hommage au Général Franco (ou à Manuel Valls, qui sait ?).
Mais ce que l’on apprécie toujours chez nos Fatals Picards c’est ce talent pour passer de la déconne jamais gratuite, à l’émotion universelle. A ce titre, deux textes nous touchent particulièrement : La Nouille à l’Air, une photo sépia de vacances en famille nous plonge dans cette nostalgie de notre enfance qui s’enfuit trop vite et Ton Portable, une jolie ballade folk sur les parents qui voient grandir leur enfant qui s’apprête à prendre son propre envol .
Enfin, pour les métalleux zytophiles, punks à chien canal historique, on vous recommande cet hommage au plus grand groupe de rock vosgien « Epinallica », La Prophétie des Vosges, un titre épique tolkienien qui aborde le sujet des elfes et orques non genrés, des nains échangistes non binaires et d’une terrible malédiction…
Avec Le Syndrome de Göteborg, on retrouve tout le talent des Fatals qui continuent à nous enchanter de leur esprit facétieux et mutin. Ce dixième album particulièrement bien produit prendra encore une autre dimension sur scène. Il faut absolument aller voir ces spécimens en concert, dans leur milieu naturel.
Les Fatals Picards, Le Syndrome de Göteborg, 2021. Le site des Fatals Picards, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.
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