Au Comptoir des histoires, comme son nom l’indique
Au comptoir des amis, c’est souvent la même histoire. Là, ils étaient trois copains d’enfance (Albin, Étienne et Steve), chérissant la chanson. Banal. Il suffit d’« une pompe de guitare entraînante, une plume engagée et poétique qui joue avec les mots… Leur univers musical c’est la chanson cuivrée et boisée ». Que va bientôt rejoindre Delphine, et sa flûte traversière… Puis Kad, aux percussions.
On les imagine écumer les bars. Cet album est leur premier (à peine sorti, ils en annoncent un second), sorte de trêve en studio : ils nomment ça Trêve de comptoir, histoire de rester immerger.
Des groupes comme eux, il en fleurit beaucoup en de tels lieux : le terreau doit être bon, l’ambiance avinée profite aux vers : « Y a des posters aussi jaunis que le pastis qu’ils affichent / Les tables sont aussi bancales que les âmes qui s’y installent ». Un comptoir, c’est la vie. Ce sont des vies qui s’y croisent, qui refont le monde, tentent de le redresser et Pise encore. On devise. « Ce que j’aime, c’est traîner dans les bars, commander deux trois coups à boire / Conter aux copains mes histoires, mes moments de gloire et mes déboires ». Conter, oui, et chanter sans compter, sans calculer. A évoquer des rêves de gosses, « censurés par l’éducation / dans une geôle, une prison, la camisole de la raison », à tenter l’approche d’une Toute belle un peu trop vénale, à célébrer les cons qui les feront toujours chanter, à procéder au dégazage « sombre nuage / plus léger que l’eau, qui nage lentement jusqu’à la plage / pour re-décorer nos rivages et nos oiseaux de passage ». Et, de ci de là, remplir des verres en guise de solidarité : « On s’fout des guerres, des affamés, nous on trinque pour les assoiffés ». Mais cette indifférence, ce n’est que pour le besoin d’une chanson. Quand on réussit si bien une chanson sur les Restos du cœur (Les Restes du cœur), on mérite l’estime de celui qui écoute : « Je suis noyé au milieu de ces enfoirés / Peut-être là, peut-être mort, comme fondu dans ce décor / Je leur fais peine, ils me font peur / Mais j’aurai peut-être à becter, s’il leur reste du cœur ». Je vous en recommande l’écoute.
Malgré le titre de l’album, les chansons sont plus longues et plus argumentées, qui plus est bien écrites, qu’une série de brèves recueillies par Gourio. Mais c’est quand même le zinc qui refait le monde et reconsidère sa vie, la reconstruit avec grande chaleur, avec humanité.
Et ça guinche, ça valse (faites de la place, reculez les tables !), les mots et les notes bougent, tangent. Patron, remettez-moi une chanson !
Au Comptoir des histoires, Trêve de comptoir, Singlebel 2022. Le facebook du groupe, c’est ici. Vous y trouverez leurs dates de concert en juin et juillet en Savoie.
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