Télégram, de nuit et en recommandé

Télégram (photo Pierre Lebret)

Deuxième album sous haute tension pour les bordelais de Télégram. En se plaçant le long des méridiens, le quintet vigoureux invite à un voyage intérieur plutôt préoccupé. Les textes évoquent des nuits moins étoilées qu’éteintes. De Toxique galaxie en Terre minée (deux des titres), voilà que l’heure est grave ! « Tout se détraque / Alors on craque ». Une escapade de trois minutes seize sur la fameuse route 666 (aux États-Unis) évoque la liberté retrouvée au loin : « Les anges planent en faisant du bruit / Je roule entre deux précipices ». Bref les cerveaux fument, donnant une écriture serrée aux images foisonnantes. Civilisation terminée lancent encore nos lanceurs d’alerte. Les musiques, elles, traduisent une légèreté bienvenue. Avec l’appoint du multi-instrumentiste Vincent Serrano aux manettes de maints instruments parfois venus d’ailleurs (hulusi, n’goni ou bubul tarang). Aux quatre coins du monde – de la Grèce à l’Argentine en passant par notre capitale – les mêmes chants de souffrance impriment leurs marques. On peut prévoir que, sur scène, le quintet se joue des mauvais jours avec un humour retrouvé et un caractère festif. Le Long des méridiens tient la distance. Télégram est le fruit d’une rencontre entre artistes d’expériences venus d’horizon divers (dont les Hurlements d’Léo). Le collectif met entre ses états d’âme et le spectacle vivant.

Et pourtant elle tourne (la Terre) comme le proclamait jadis le célèbre Galilée face à ses détracteurs et juges. En reprenant soixante ans après le classique de Gainsbourg La Chanson de Prévert, Télégram (dont le nom est inspiré par… Gainsbourg) imprime sa marque d’un rock amoureux de la poésie réaliste. « Dansons sous la pluie / Domptons les orages / Rêvons, rêvons » s’accordent à partager le groupe, aidé pour les textes par quelques auteurs proches (Marc Estève, Vincent Manaud, Florent Vintrigner et Alexia C). Avec leurs musiques des mondes, voilà que les voyageurs immobiles de Télégram laissent entendre le début de leurs espoirs : « Qu’on se rassemble’ / Faut qu’on y pense… ». C’est certainement la mutation du moment. Familiers des médiations culturelles, le groupe multiplie les projets au service de cette cause. De leur côté, les Hurlements d’Léo, toujours opérationnels, viennent de sortir un premier titre, Le Café des jours heureux, issu d’un compilation à venir. Autant de plans sur la comète à venir.

Télégram, Le Long des méridiens, Cristal Production/ Label 10h10/ Baco Distribution 2021. Le site de Télégram, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de ce groupe, c’est là.

« Route 666″ :

« Milonga » :