La cabane aux chants mêlés de Marion Rampal
La quarantaine passée Marion Rampal s’impose dans un nouveau registre, celui de la chanson. Avec succès. C’était depuis longtemps son désir. Son quatrième album « Tissé » illustre un univers singulier construit à la façon d’une cabane, une petite maison, où s’entendent des musiques nomades glanées de par le monde et mises en forme au fil des voyages d’une artiste au parcours confirmé. Vocaliste de jazz, choriste, aux côtés d’Archie Shepp et de Raphaël Imbert notamment, marquée par le blues, la Marseillaise d’origine a voulu avec le guitariste et réalisateur Matthis Pascaud partager son folklore personnel. Depuis la Louisiane aux accents créoles, cajuns et amérindiens jusqu’aux ambiances un brin psychédéliques d’une pop inspirée teintée de fantaisie.
Marion Rampal a engrangé les influences, sans exclusive. Elle en a tiré son miel, d’une voix maîtrisée, sur des textes en état de poésie. « Je me sens à l’aise désormais dans l’écriture de chansons en français » souligne-t-elle. Familière du répertoire classique (Purcell, Fauré, etc..) celle qui se rêvait en rockeuse à l’âge de l’adolescence a pris le temps de faire ses gammes, témoignant d’un art certain du métissage. A l’école de Leonard Cohen, Joni Mitchell, Harry Belafonte, Pierre Barouh, Colette Magny, la chanson est pour elle comme une visite dans un jardin. On y entend des ballades courtoises à la façon des troubadours, on y raconte le monde, chante l’amour et invite au dépaysement.
Le temps disponible lors du premier confinement a permis à Marion Rampal et à son réalisateur de concrétiser le projet d’un album qui parle une langue propre. Il s’agit de la langue des cœurs coulés, un drôle de français qui ne se cantonne pas dans les seules frontières de l’Hexagone. « Ça sonne comme du vieux français bousculé dans la syntaxe » explique-t-elle. Ainsi, par exemple, Tissé tout en subtile mélancolie : « Tisser bonheur / Tisser douleur / Glisser entre les heures / Tisser quand même / Tisser poème / Donner ma langue au cœur ». Ou encore L’île aux chants mêlés : « Tout est couleur à mon oreille / De ports en plaines / Mes didondaines / Tout arrivait au gré des vents / Là dans mon île / Oh dans mon île aux chants mêlés ».
Au-delà des épreuves et des mésaventures Marion Rampal laisse venir les mots. Ceux qui réjouissent et guérissent, dans l’intimité comme dans le regard extérieur : D’autres soleils, avec Anne Paceo : Vouloir / un jour plus doux / Que les heures d’ici / Un jour d’antan / Où demain qui fuit / Se démêler du temps ». Tout ou presque peut se chanter. Les chansons naissent à la guitare au fil des journées : en berçant sa fille ou en lavant la vaisselle. Comme à la maison donc. Pour autant, Marion Rampal garde la langue anglaise dans quelques titres aux accents graves évoquant la mort. Par ailleurs, Piers Faccini, l’un des invités de l’album et sur scène bientôt avec Marion Rampal offre un de ses poèmes en anglais.
« Je ne m’interdis rien » partage en conclusion Marion Rampal. Bien décidée à poursuivre son chemin de liberté au service de la beauté, de la nature et du sentiment amoureux.
Robert MIGLIORINI
Marion Rampal, Tissé, Les rivières souterraines/L’autre Distribution, 2022. Le site de Marion Rampal, c’est ici.
En concert le 29 avril à La Garde Théâtre du Rocher.
Release party le 18 mai 2022 au Festival Jazz à saint-Germain des Prés à Paris Maison des Océans avec en invités Piers Faccini et Naïssam Jalal.
Également le 20 mai à Coutances (spectacle jeune public à partir de 8 ans « L’île aux chants mêlés ») et le 6 juin à Cannes.
A volé
Ou sont passées les roses, avec Piers Faccini
Calling to the forest, avec Archie Shepp
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