Art Mengo, chi va piano va solo
Saint-Georges-sur-Meuse, Centre culturel, 5 mars 2022,
Il était annoncé en duo avec Julie Oz (une artiste belge dont il a réalisé le récent album), c’est en solo qu’Art Mengo se présente à nous ce soir. Nous n’en saurons pas la raison exacte, mais n’y avons assurément pas perdu au change. Une soirée en tête à tête avec le toulousain, alternant le piano et la guitare, que désirer de plus ?
C’est en toute simplicité qu’il monte sur la scène, demandant d’emblée que l’on rallume la salle, histoire de voir plus précisément la belle assemblée – pas assez fournie, malheureusement – venue l’applaudir. La soirée sera donc placée sous le signe de la connivence, l’artiste se réservant la possibilité de bouleverser le tour de chant prévu, libéré des contingences de la formule initialement prévue.
Cela nous vaut de savoureux apartés, replaçant les chansons choisies dans leur contexte, dévoilant des anecdotes, expliquant certains textes… Des traits d’humour malicieux aussi, quand le chanteur fait preuve d’autodérision (Je sais ce que vous vous dites, nous déclare-t-il alors qu’il quitte nonchalamment son piano pour se saisir de sa guitare : quel extraordinaire bête de scène !) ou nous explique qu’en 1996, la Victoire de la meilleure chanson lui a échappé au profit de Céline Dion (La salope !).
Voilà pour l’emballage, reste alors l’essentiel : la voix unique d’Art Mengo, jazzy, brisée et rocailleuse à la fois, et son solide répertoire. L’artiste ouvre avec la chanson écrite pour Johnny, Ça ne change pas un homme, et clôture avec ses grands succès publics, Parler d’amour (son duo avec Ute Lemper) et l’incontournable Les parfums de sa vie (je l’ai tant aimée), l’impasse ayant été curieusement faite sur son troisième hit La mer n’existe pas. Entre ces deux extrêmes, de belles chansons bien écrites (de la plume de Patrice Guirao ou de Marc Esteve) et interprétées avec sensibilité et métier. On relève ainsi une « trilogie du couple » (L’amour codé + Nous nous désaimerons + Laisse-moi partir), un hommage à Claude Nougaro (Monsieur Claude), l’évocation de l’amour épistolaire entre Franz Kafka et son inaccessible aimée (Lettre à Milena) ou de la vie sexuelle aventureuse des héros de l’aéropostale (La maison des ailes), un joli conte surréaliste (Le chef de gare), le souvenir de ses parents émigrés espagnols passant clandestinement la frontière (Randonnée en famille)… Sans oublier nombre de chansons d’amour et de désamour (Je passerai la main, Bagatelle, Ultra marine…).
C’est un public aux anges qui a quitté la salle, totalement sous le charme d’un artiste authentique et généreux, avec l’envie tenace de (re)découvrir son œuvre par trop méconnue. De la chanson de variété de qualité, délivrée par un chanteur discret, trop souvent relégué au deuxième rang (on ne compte plus ses collaborations prestigieuses, d’Henri Salvador à Eddy Mitchell, en passant par Jane Birkin ou Maurane). Un concert honnête et sobre, exigeant et libre. Que du plaisir en fin de compte.
Le facebook d’Art Mengo, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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