Jofroi, des maîtres mots contre les maux
Ouvrir des horizons, tant pour les grands que pour les petits, tel est le fil rouge du parcours artistique de Jofroi. Mission accomplie, si j’ose dire, une fois encore avec l’album « et ton rire un oiseau », paru en plein hiver pour annoncer un beau printemps. Jofroi ou les belles saisons sous le soleil de la fraternité humaine. Celui qui aime se présenter en « Belge du Sud » a choisi le Gard pour y poser son sac et y faire fructifier ses dons pour inspirer des sentiments pour un monde meilleur. Comme un arbre bien planté qui lance ses racines vers une source, le chanteur aime travailler les mots, comme le jardinier une terre. Quels que soient les maux à traverser il dessine côté cour et côté jardin des chansons généreuses et incarnées, grandeur nature, à la suite de ses inspirateurs, Félix Leclerc et Julos Beaucarne. Ce grand gaillard à la voix chaude aborde ses cinquante ans de chansons avec un nouvel album faisant suite à une première intégrale datant de 2020 (1).
« Je ne savais pas fin 2020 quand et si je me remettrais à écrire des chansons. L’année 2020 ne m’a pas du tout inspiré » confie-t-il. « Et puis en janvier 2021 », poursuit-il, « est venue comme un souffle, une envie de partage, du positif (sans jeux de mots au temps de tests et d’un virus. NDLR), de la beauté. Et j’ai écrit une dizaine de chansons en huit mois. Ça ne m’était jamais arrivé… »
Rien d’étonnant dans ce contexte à ce que le premier titre s’inquiète du moment présent dominé par une pandémie. « Le monde d’après, c’est pour quand ? / J’ai semé quelques mots à travers terre et ciel / En rêvant d’ajouter trois cordes à l’arc en ciel ». En dispensateur des bonnes ondes, Jofroi se veut moins interrogatif que veilleur en vue d’une aube pour tous : « J’attends la fin de la nuit / J’attendrai la fin du jour / En pensant comme toujours / Que jamais rien n’est fini ». Sa volonté d’en découdre avec tout ce qui blesserait ne faiblit pas. Une constante : Il rêve encore. Et malgré tout.
On entend beaucoup parler d’oiseaux dans cet album résolument migrateur. Comme dans cette célébration des ailes, d’après un texte d’André Lavoie, poète québécois. A qui est dédié le titre Est-ce qu’il neige à Montréal ? Le Québec qui donne aussi lieu à une chanson hommage à Raymond Lévesque, auteur de Quand les hommes vivront d’amour. « C’est une idée qui fait sourire / Serait-ce folie de se dire / Que les hommes vivront d’amour ? » Dans un autre titre à l’écriture virtuose Jofroi décrit une « synfaunie » des animaux. Noé en son arche n’aurait pas mieux fait avec tous ces verbes associés à chaque espèce. Comme un carnaval des animaux version gardoise. L’infatigable observateur qu’est Jofroi n’en garde pas moins « une tête en jachère / La vie est une plume / Et ton rire un oiseau ». Voilà encore sur un registre plus intime une chanson d’amour, Tes yeux.
Et Jofroi d’offrir encore une de ses chansons fétiches, œuvre chorale, Faut bâtir une terre (Champs La Rivière), revisitée sous la direction musicale de Line Adam. Des collines des Ardennes au vaste monde, Jofroi ne cesse de nous inviter au pays des poètes.
Jofroi, Et ton rire un oiseau, EPM/Socadis 2022. Le site de Jofroi, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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L’intégrale des chansons pour adultes de 1975 à 2020 « Faut bâtir une terre, faut s’inventer la vie » : lire ici l’article de NosEnchanteurs,
Présentation du nouveau spectacle au Festival Bernard-Dimey, le 25 mai 2022. Et au Café de la danse, Paris, le 28 mai.
« Est-ce qu’il neige à Montréal »
« Si ce n’était manque d’amour »
« Faut bâtir une terre »
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