Cyril Mokaiesh, de duos en dyade, de l’aube claire aux grands soirs

Photo ©Dominique Gau

A chaque album son élan créateur. Voici « Dyade », album de duos, un objet singulier et solidaire qui navigue en douceur pour guérir des maux du moment, sous le ciel le plus bleu possible. « Après le déluge / Et toi / Comment tu vas ? » se demande d’emblée le duo Cyril Mokaiesh-Alma Forrer. Une chanson tournée vers la suite, comme d’autres dans cet album de conversations musicales. A l’image encore de cette « Rosée » (duo avec Calogero) qui annoncerait le beau temps après la tempête : « Quel modèle à trouver / Pour nos cœurs emmurés ? »

Fidèle à son point de vue artistique et personnel Cyril Mokaiesh est de ceux qui conjuguent une pointe d’engagement et  un maximum de poésie. D’album en album, depuis le titre Communiste (dans Du rouge et des passions) qui le révéla en 2011, il trace un sillon que l’on pressent durable. Avec le souci de ne pas se répéter. En 2020, on se souvient de « Paris Beyrouth » d’une densité bienvenue avec des souvenirs passés au crible d’un parcours familial et le croquis d’une ville en son aujourd’hui, rude. Il est comme cela, Cyril Mokaiesh, jamais replié sur son petit ego, tout en explorant les domaines intérieurs de ses contemporains ! C’est ce qui nous le fait apprécier. En bon chroniqueur, l’instant présent inspire ses chansons aux accents lyriques.

Comme on le présume les circonstances –un virus, une pandémie- ont brusquement mis à mal la diffusion de ce « Paris Beyrouth » dont la carrière n’est que partie remise. Plus de tournée mais une séquence inédite de plusieurs mois de confinement et autres péripéties pour tout un chacun. Pour autant pas question de se replier sur soi. Pas à pas l’idée d’un album de duos a pris forme. Du plus proche –une chanson enregistrée avec son fils, Le jour d’après, et diffusée sur les réseaux sociaux- puis la nostalgique Honfleur, avec sa sœur, la metteuse en scène Laura Mokaiesh, au plus lointain. Vieux complices et nouvelles rencontres (Élodie Frégé, Clara Ysé, Kéren Ann, Raphaëlle L.Lannadère, Pierre Guénard – le chanteur de Radio Elvis, Florent Marchet etc.) tissent ainsi dans ce nouveau Dyade à deux voix onze chansons. Dyade, c’est-à-dire quand deux éléments se complètent. Du langage sociologique dont est issu ce mot au studio d’enregistrement Cyril Mokaiesh relève le défi avec ses invités. L’album -le cinquième LP original de l’artiste, hors groupe- s’est construit au fil de l’admiration pour d’autres artistes. La recette est devenue commune. Elle trouve dans cet album sa signification. « Tout est amour » chantent Mokaiesh et Dominique A dans le titre « Pas simple de faire simple ».

Pour la réalisation Mokaiesh a fait appel à Valentin Montu et Stan Naff en partage avec un groupe de musiciens familiers de l’artiste, défenseur de la chanson réaliste. Comme on les aime. On rappellera la participation de Mokaiesh à l’hommage à un autre artiste dans le Leprest symphonique en 2019, aux côtés de Clarika, Romain Didier et Sanseverino. Le mot de la fin au titre amoureux « Les grands soirs », avec la comédienne Mélanie Doutey : « De l’aube claire / aux grands soirs, ta lumière / comme un phare /… Montre- moi le chemin ». Bonne route.

Cyril Mokaiesh, Dyade, Un plan simple 2021. Le site de Cyril Mokaiesh, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Cyril Mokaiesh, c’est là.  

Cyril Mokaiesh, Elodie Frégé « La fin du bal »