Lidelair « À la trace »
J’ai lessivé tous les murs
J’t'ai effacé d’mon futur
J’ai changé dix fois de coiffure
Et bousillé ta voiture
J’me suis perdue pour te rayer
Remplir ce vide sur l’oreiller
Tes chroniques j’ai défrayé
Mais ça a dû t’effrayer
Lidelair
Paroles Emilie Sansano et Fabrice Salardenne (Lidelair). Musique Emilie Marsh et Lidelair. Extrait du Cinq titres « Sous ma douche » 2021
Ils avaient tout pour ne pas attirer mon attention. Lui, chemise et lunettes orange, short laissant paraître ses mollets velus, houpette brune dressée sur le sommet de la tête, guitare électrique à la main… Elle pomme de douche à la main, bandeau multicolore dans les cheveux, robe t-shirt orange, les deux devant une épave de voiture rouillée…
Et des titres qui ne rassurent pas… Sous ma douche, L’appel de la frite… Grosse angoisse donc en insérant le disque dans le lecteur. Et là… Eh bien c’est une bonne surprise, si la musique part en fanfare sous la douche, c’est pour vous emporter dans une musique rock qui swingue comme un orchestre entier, avec la seule guitare de Fabrice (et quelquefois une grosse caisse), et le keytar (clavier portable) d’Emilie, complété de boucles sous Ableton Live, déclenchées au pied. Ceux qui se considèrent comme une Compagnie Low-cost « écologique » déploient en concert leur énergie et leur talent avec modestie et bonhomie, comme tout bon clown qui fait semblant de ne « pas savoir ». Une expérience d’écriture de théâtre musical pour des festivals, dont Avignon pour elle, un passé d’ingénieur du son et de créateur de salle de concert pour lui, une rencontre au Québec, et voilà ce que l’on appelle du spectacle vivant !
Sous ma douche est un hymne à la chanson sincère, sous toutes ses formes, Opéra, Madonna, Piaf… et un hommage à tous ceux qui ne peuvent s’arrêter de chanter, un concentré d’auto-dérision et de bonne humeur… L’appel de la frite est une ode gourmande à la poésie loufoque à ce petit chef d’œuvre culinaire tant français que belge. Tuning se dédie à une bagnole aimée et bichonnée du doux nom d’Yvonne, quant à Marguerite, elle a les yeux suaves d’une vache rebelle qui rêve de quitter sa cambrousse pour chanter à Paname « C’est hors de question que je me fasse traire / Plutôt crever que de me laisser tripoter ».
Et leurs clips vidéos sont de petits chefs d’œuvre rythmés et colorés, de vrais remèdes à la morosité, réalisés avec une foule d’amis talentueux et jusqu’en Inde pour cette sacrée vache ! Quant à celui de cette tragi-comédie qu’est À la trace, je vous laisse l’admirer avec ce travelling, cette chorégraphie, ce décor urbex plein de poésie tourné en plan séquence, en une prise. Belle performance
Un duo déjanté surréaliste qui fait penser à celui de Jules et Jo, à suivre… à la trace sur leur site.
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