Le chant des possibles de Rachid Taha, de l’exil à l’intégration, en musiques
Exposition « Douce France, Des musiques de l’exil aux culture urbaines ». Au musée des Arts et Métiers, Paris
Rocker hybride indifférent aux codes Rachid Taha (1958-2018) a ouvert la voie à de nombreux artistes notamment issus de l’immigration. Son parcours constitue le fil rouge d’une immersion réussie, d’une exposition dans la France multiculturelle en constitution. Des années 1950, 1960 à la génération dite « Black-blanc-beur » associée à la victoire de la coupe du monde de football en 1998. Les musiques accompagnent, rythment ce mouvement de fond où une communauté accède non sans obstacles à l’universel. « Même si les racines de ma culture musicale et mes émotions restent profondément algériennes, mon tronc est français et mes branches sont internationales » expliquait le natif de Sig, à cinquante kilomètres d’Oran en Algérie, arrivé à dix ans en France.
L’exposition Douce France, organisée au Musée des arts et métiers à Paris en partenariat avec l’Institut national de l’audiovisuel (INA), le Musée national de l’histoire de l’immigration, l’institut du monde arabe et l’Association Villes des musiques du monde, se veut pédagogique et interactive. A l’image, par exemple, d’un test à l’aveugle où les visiteurs sont invités à tester leur culture musicale ou encore lors d’un karaoké final (karaoké du bled) dédié à la chanson franco-maghrébine. De quoi refaire le chemin d’une histoire toute proche où ne sont pas oubliés quelques-uns des objets du quotidien qui l’ont marquée. Comme une fameuse mobylette derrière laquelle on peut lire le mot d’ordre des marcheurs antiracistes de 1983, « La France, c’est comme une mobylette : pour avancer, il lui faut du mélange ». Un modèle de voiture Peugeot 404 (prêtée par les membres du groupe toulousain Zebda) familière de tant de familles en voyages. Ou encore un juke-box (les fameux Scopitones) à images installés au temps des yéyés dans les cafés et cabarets du Quartier Latin à Paris où se produisaient les vedettes de la chanson maghrébine de l’exile et les grands voix du monde arabes. Des hommes, des lieux, des musiques, le parcours chrono-thématique se fait aussi l’écho des luttes et mobilisations qui ont ponctué ces années synonymes d’interculturalité. Comment des 1960 aux années 2 000 le paysage musical français s’est ouvert à la diversité. De quoi nourrir bien des débats actuels.
L’occasion, l’opportunité encore réécouter ce « Douce France, cher pays de mon enfance », une chanson de Charles Trenet, revisitée à l’orientale en 1986 avec succès par Rachid Taha et son groupe Carte de séjour.
« Douce France. Des musiques de l’exil aux cultures urbaines », du mardi au dimanche. Nocturne le vendredi jusqu’à 21 heures. Au musée des arts et métiers, à Paris. Jusqu’au 8 mai 2022.
Le site de l’expo, c’est ici (à découvrir sur ce site la programmation culturelle qui accompagne l’exposition). Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Rachid Taha, c’est là.
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