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Jacqueline Danno, 1931-2021

Pochette de Jacqueline Danno et l'amour, 1967

Pochette de Jacqueline Danno et l’amour, 1967

Peut-être ne connaissez-vous pas Jacqueline Danno comme chanteuse, mais sans doute son visage vous dit quelque chose :  comédienne de théâtre formée au centre dramatique de la rue Blanche, elle a joué des pièces classiques et contemporaines dès 1954 et jusqu’en 2012, surtout  dramatiques, Noces de sang de Garcia Lorca, Lucrèce Borgia de Victor Hugo en 1964, Huis Clos de Jean-Paul Sartre, Andromaque de Racine… Robert  Hossein l’a choisie pour son adaptation de Crime et châtiment de Dostoïevski dans les années 70, puis pour interpréter la mère de Benhur au Stade de France en 2006, où sa fille est interprétée par la comédienne Gaëlle Billaut-Danno, sa fille à la ville. Jérôme Savary la retient pour Cabaret  ou La Périchole d’Offenbach.  Elle a aussi tourné une petite vingtaine de films pour le cinéma de 1955 à 2014, dont en 1973 Le mariage à la mode de Mardore où elle assume de jouer le rôle d’une homosexuelle. Vous l’avez certainement vue à la télévision  française de 1962 à 2009, dont plusieurs fois dans des épisodes de Maigret.

Très tôt elle mène en parallèle une carrière de chanteuse, s’inscrivant au Petit Conservatoire de Mireille. Elle est à Bobino avec François Deguelt. Son premier album en 1961 s’appelle Les mouettes de Saint-Malo (elle est bretonne et petite fille de marin-pêcheur) , où elle développe de belles qualités d’interprète, expressive et avec une diction exceptionnelle. Une façon de chanter qui peut faire penser à celle de Pauline Julien, d’autant que leurs visages élégants, un peu félins, ont une certaine parenté.

Elle enregistre aussi dans un 45 tours en 1961 le titre de Bernard Dimey sur une musique de Charles Aznavour, L’amour et la guerre. « Toutes les fleurs sont mortes aux fusils de nos pères /  Bleuets, coquelicots, d’un jardin dévasté / J’ai compris maintenant ce qu’il me reste à faire / Ne comptez pas sur moi, si vous recommencez ». Censurée sur les ondes nationales, la chanson chantée par Aznavour sera la bande-son du film Tu ne tueras point de Claude Autant-Lara. 

Dès 1959 elle avait sorti un 45 tours avec ce joli Manteau gris « C’est à Cherbourg que je l’ai connu / Dans un manteau gris, couleur de la pluie / C’est à Cherbourg que je l’ai perdu / Un soir de marin dans la cohue ». C’est aussi la voix de Lola, jouée par Anouk Aimée, dans le film éponyme de Jacques Demy, musique de Michel Legrand.

En 1962 elle fait la première partie de Georges Brassens à Bobino, part en tournée avec Gibert Bécaud – dont elle chante Marie, Marie ou L’absent, et aussi Sylvie Vartan qui débutait. Elle se produit à l’international aux Etats-Unis, en Allemagne, en Pologne, au Japon et en Russie dans des chansons écrites pour elle ou pour Bécaud, Piaf… où elle représente la France au même titre que Juliette Gréco. Pour l’anecdote, elle participe sous un pseudonyme à l’ album Pour en finir avec le travail, (1974) produit par les situationnistes où l’on trouve par exemple la version détournée enregistrée en 1968 de Il est cinq heures, Paris s’éveille de Lanzmann/Dutronc. Enfin, en 1972, la chanson Il venait d’avoir 18 ans, d’abord enregistrée par Dalida, aurait été écrite par Pascal Sevran d’après un texte de Serge Ledru, explorateur disparu, en sa mémoire.  

Après deux autres albums et une vingtaine de 45 tours, comme la mélancolique L’île nue, 1962, sort en 1996 un disque consacré à Edith Piaf, ou à côté de chansons plus connues on trouve des raretés, comme Les blouses blanches, (Michel Rivegauche-Marguerite Monnot) chanson poignante où éclatent ses talents de comédienne.  Elle participe aussi à des productions collectives Jeune public (Chante les mots, Chante la musique, Les percussions…) ou internationales comme la  franco-anglo-japonaise Le jardin de Monet. 

Plusieurs albums sont disponibles sur les plateformes, des compilations mais aussi l’album dédié à Piaf et son Récital au Trianon en 1996. Jacqueline Danno, libre, généreuse, ne cherchant pas à tout prix la reconnaissance médiatique, n’a jamais voulu choisir entre ses talents de chanteuse et de comédienne durant sa longue carrière. Elle était vice-présidente de l’Association Francophone Internationale. Née un 27 novembre 1931, elle est décédée le 28 novembre 2021 le lendemain de ses 90 ans. 

Ici le groupe facebook pour suivre Jacqueline Danno.

Sa fille la comédienne Gaëlle Billaut-Danno nous annonce qu’une cérémonie hommage lui sera rendue le 20 décembre a 15h à l église st Roch à Paris, 24 rue st Roch, 75001

 

« Alors », 1961 Image de prévisualisation YouTube
« L’absent », 1966 (répertoire de Gilbert Bécaud) Image de prévisualisation YouTube
« Johnny, tu n’es pas un ange », 1966 (répertoire d’Édith Piaf) Image de prévisualisation YouTube
« Les neiges de Finlande » (répertoire d’Édith Piaf) Image de prévisualisation YouTube

2 Réponses à Jacqueline Danno, 1931-2021

  1. babou 3 décembre 2021 à 13 h 48 min

    Grande interprète hélas si peu reconnue

    Répondre
  2. David Bret 5 décembre 2021 à 19 h 27 min

    Merci infiniment pour ce bel hommage a ma chere marraine. Bisous a vous.

    Répondre

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