Il y a cent cinquante ans, comm’ un, Commune
Sauvé dans Lancer de disque
Tags: Agnès Bihl, Audrey Peinado & Arthur Bacon, Ben Herbert Larue, Christian Olivier, Corentin Coko, Evo'nlé, Florent Vintrigner, Francesca Solleville, François Morel, La mal coiffée, Laurent Cavalié, Le Choeur du Lamparo, Les Croquants, Les Ogres de Barback, Manu Théron, Mellismell, Michel Bühler, Michèle Bernard, Mouss et Hakim, Nouvelles
Reconnaissons-le, notre temps de cerveau dispo a été quelque peu obéré par une foule d’hommages forcément indispensables qui ont fait qu’on a pas eu le temps de parler du reste. Du bicentenaire de l’empereur au héros des temps modernes qu’est Bernard Tapie, le reste n’a pas beaucoup de place.
Revenons pourtant sur La Commune, dont ce fut le 150e anniversaire (passé sous un relatif silence), avec le plus bel album qui soit : un collectif initié par Corentin Coko et Les Ogres de Barback, composé d’eux-mêmes et de HK, Michèle Bernard, François Morel, Melissmell, Fredo, Les Croquants, Agnès Bihl, Eyo’nlé, Francesca Solleville, La Mal Coiffée & Laurent Cavalié, Christian Olivier, Mouss et Hakim, Michel Bühler & Nathalie Fortin, Ben Herbert Larue, Florent Vintrigner, Manu Théron, Audrey Peinado & Arthur Bacon, Le Chœur du Lamparo. Que des gens qui, certes, n’ont pas érigé des barricades dans le Paris assiégé par monsieur Thiers, mais participent à cette entreprise avec ferveur et conscience politique, pas avec l’opportunisme qui sied habituellement à de tels collectifs s’ils sont initiés par de gros labels.
Le premier titre, interprété par Michèle Bernard donne le ton et prévient, à toute fin utile : « Tout ça n’empêche pas, Nicolas, qu’la Commune n’est pas morte » (précisons que ce Nicolas n’est pas le fameux multirécidiviste à bracelet électronique de chez Rolex). Pas une seule chanson n’est là par inadvertance : le propos est précis. D’ailleurs les textes mis en musique viennent tous de grands poètes et écrivains : Eugène Pottier par neuf titres, Émile Dereux, Émile Zola, Louise Michel, Jean-Baptiste Clément, Arthur Rimbaud, Jules Vallès, Aristobule Baux, Alexis Bouvier : que des « paroliers » impliqués dans l’époque, à qui les artistes de cet album servent au mieux le propos.
On ne va pas vous faire un résumé des 72 jours de La Commune (au cas où, pour vous renseigner, lire ici). Quoique ce disque l’est presque, document d’Histoire précis et pertinent que je suggérerai bien d’insérer aux manuels scolaires qui ne sont guère bavards sur le sujet. Histoire toujours vivante tant il est vrai que le peuple restera toujours le peuple, asservi, malmené, matraqué à la moindre velléité de révolte sociale.
Causes aux confinements, ce disque a été enregistré, mixé en différents endroits, en studio(s) ou à domicile(s), comme autant de cris, de plaintes et de complaintes qui remontent de loin, de partout, pour faire chorus, pour célébrer cet anniversaire que les autorités ont passé sous silence tant il est vrai que le « en marche » d’aujourd’hui ne ressemble guère au « marchons, marchons, qu’un sang impur… » de naguère.
On peut n’acquérir ce CD que pour le principe, pour donner son écot au passé, à l’Histoire. Ce serait oublier que, par ses vingt-et-une plages, l’écoute de cet opus est un réel bonheur : c’est une vraie et ample réussite artistique, que des artistes de générations et de familles différentes renforcent plus encore. Il nous faut sans relâche labourer les sillons de ce disque. Si le terme n’était actuellement sujet à polémique, je dirais bien que ce disque est, à bonne dose, une nécessaire piqure de rappel contre l’oubli. Et contre ces bruits de bottes qui menace toute idée de République sociale, égalitaire, fraternelle.
(Collectif) La Commune refleurira, Sur l’air de rien/Irfan le label 2021. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Corentin Coko, c’est ici ; des Ogres de Barback,
« Le 26 mars » (François Morel) :
Commentaires récents