Matildy, m’a-t-on dit…
Trop souvent nous recevons, à l’adresse de NosEnchanteurs, des disques en fourreau, dits de promotion, sans le moindre livret, sans ces paroles qui nous sont précieuses.
Ce nouveau disque de Matildy contient une livret mais… sans les paroles des chansons. Notable consolation : en lieu et place, des œuvres picturales de « peintres sans bâtiment », quatorze amis d’horizons différents (interprètes, plasticiens, photographes) « pour illustrer, mettre un cadre à [ces] peintures sans toiles ». Une cimaise pour livret, galerie de poche, l’idée est séduisante, sur laquelle s’accrochent des œuvres de Buridane, Erwan Pinard, Melissmell, Maroussia Chanut, Julie-Marie Laurent, Aurore Loubersac, François Rieux, Judith Lesur, Juliette Pegon-Charley, Lise Masset, Clément Merlin, Gilles Lizanet et Sacha Barbiery. Un peu de la famille de Matildy, de ceux qui barbouillent sur les notes.
C’est le troisième album de Mathilde, notre Matildy, qu’on connaît autant sinon plus comme co-fondatrice de l’association Lerockepamort, de la salle de concert Le Kraspek Mysik à Lyon et du café-concert ardéchois Si les vaches avaient des ailes à Rompon, où elle réside. Damned ! une activiste de la chanson… Son précédent album remonte à il y a dix ans, une paille : le temps passe si vite.
C’est de l’ukulélé-piano-voix, une voix haut perchée, acidulée, piquante, qui anime raison et déraison, observation, infinie tendresse…
Des chansons impliquées, où le « je » est de rigueur, des « brèves d’humanité, instants de sentiments, parcelles d’émotions, petits morceaux de bravoure, juste avant que la mort ne consomme notre dernier festin, par un ultime dessert lacté, avec des vrais morceaux d’humains, de ceux laissés là, au fond du dernier pot, qui nous sert de cercueil ! » C’est aussi et surtout cette chanson-titre (en vidéo ci-dessous), sans fard, où le miroir lui révèle un autre et nouvel aspect physique, celui qui s’expose sans ambiguïté sur la pochette : « Alors donc c’est toi mon nouveau moi / Crois-tu que je vais m’effondrer / ce serait bien mal me connaître [...] Alors j’assumerai ma tête / Je me laisse quelques jours ou semaines / M’autorise deux ou trois sanglots / Histoire de boire ma peine / Jusqu’à la lie, rideau ». Rien que pour cette chanson, que d’avoir trouvé les mots pour le dire, bravo !
En cet album, il y a l’amour de soi, l’amour des autres. La tendresse et la lucidité. Ce disque est simplement humain. Humain et, ma foi, passionnant.
Signalons, parmi ces titres, la reprise bienvenue et de moins en moins utopiste de La fin du monde, de Matthieu Côte : ça fait plaisir de savoir que cet artiste trop tôt disparu compte toujours dans la chanson, que ses textes soient toujours aussi pertinents. Matildy est de ceux, de celles qui le porte, le chante encore et sans doute pour longtemps : merci !
Matildy, La tête pied nu, autoproduit 2021. Le facebook de Matildy, c’est ici.
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