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Hubert-Félix Thiéfaine « Pensées des morts »

BRASSENS 1969 X Misogynie à part(…) C’est une mère ravie
A ses enfants dispersés,
Qui leur tend de l’autre vie
Ces bras qui les ont bercés ;
Des baisers sont sur sa bouche,
Sur ce sein qui fut leur couche
Son cœur les rappelle à soi ;
Des pleurs troublent * son sourire,
Et son regard semble dire :
Vous aime-t-on comme moi ?(…)

Hubert-Félix Thiéfaine

D’après le poème de Lamartine mis en musique par Georges Brassens. La chanson de Brassens figure dans l’album « Georges Brassens X » (1969)

Enregistré au Théâtre de la mer à Sète le 29 juin 2006 à l’occasion du Festival Printemps des Comédiens « Le temps ne fait rien à l’affaire… », Hommage à Georges Brassens, direction musicale Arnaud NANO Méthivier, à l’accordéon dans la séquence, avec Guy Bedos, Jean-Pierre Marielle (qu’on aperçoit dans le public sur cette vidéo), Victoria Abril, Enzo Enzo, Eduardo Peralta, Anne Sylvestre, Hubert-Félix Thiéfaine, Aldebert, Jamait, Daniel Villanova, Jean-Claude Carrière…

Hubert-Félix Thiéfaine a repris de Lamartine une des strophes coupées (une vingtaine, dont toutes celles faisant référence à Dieu) par Brassens, il la chante entre celle de la fiancée (déplacée après celle de l’ami par Brassens) et celle du père, il y a donc 8 dizains au lieu de 7 chez Brassens, sur un poème qui comporte une trentaine de strophes à l’origine. Quelques autres modifications, Voici au lieu de Voilà, et troublent * au lieu de voilent.

Tristesse, colère contenue, peur, compassion, empathie… sont le type même des émotions qu’exprime Hubert-Félix-Thiéfaine dans son interprétation.
Refus du sort funeste qui s’abat sur l’homme comme sur tout être vivant, et auquel, conscient, il ne peut s’habituer. Il le fait avec nuances, laissant souvent sa voix se briser, esquissant parfois un sourire, comme pour s’excuser. 

Brassens avant lui a su ne retenir que les couplets les plus universels du long poème de Lamartine, en éliminant les brebis, les aigles,… les dieux, pour ne garder que les strophes les plus fortes, avec l’anaphore « C’est » qui en fait ce chant poignant, souligné par ces trois accords qui se répètent. Il n’est que regarder son visage et celui de ses musiciens pour voir qu’ils vivent ces émotions intenses, la douleur universelle de perdre ceux qu’on aime, le refus, le « mais pourquoi », le souvenir, la résignation. Voir les regards du public, rarement aussi ému…

Et au final, c’est Nano l’accordéoniste, qui semble sonné par l’émotion, qu’il tente de réconforter d’un sourire, du geste qu’on fait pour consoler lors des obsèques, la main sur l’épaule. Geste de remerciement aussi pour l’atmosphère que ce musicien a su créer avec son accordéon, geste de connivence. C’est le glas qu’Hubert-Félix-Thiéfaine nous sonne dans son expression si personnelle, un rock inspiré jusqu’à la déchirure. Je n’aime pas toutes ses reprises, je trouve celle-ci bouleversante.

 

 

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