Rodolphe Burger/Érik Marchand : comme des Indiens dans la mine

Rodolphe Burger et Érik Marchand (photo de presse)

Dimanche 24 octobre la chapelle de Sainte-Marie-aux-Mines (église Saint Pierre-sur-l’Hâte) accueillait un duo étonnant, déjà réuni en 2004 pour un album singulier « Before Bach ». Rodolphe Burger, le natif de ce coin d’Alsace y avait invité le breton Érik Marchand pour présenter en ce lieu chargé d’histoire leur deuxième album « Glück Auf ! ». L’entente cordiale entre les deux artistes invite de nouveau à ouvrir des horizons musicaux nouveaux et dépaysants.

« Gluck Auf ! » (bonne chance !), c’est l’apostrophe qu’échangeaient jadis les mineurs de Sainte-Marie-aux-Mines, le port d’attache de Rodolphe Burger, manifestant le souhait de trouver du minerai et de revenir bien vivant de leur chantier d’extraction. Et voilà que la rencontre de l’Alsacien et du Breton se justifie à plus d’un titre. Il se trouve que des ingénieurs de Sainte-Marie avaient déjà fait le voyage en Bretagne, au XVIIème siècle, jusqu’au fief d’Érik Marchand, Poullaouën et ses mines d’argent. Au-delà de l’anecdote les compères musiciens conjuguent un intérêt pour les rencontres fructueuses entre tradition et modernité. Rodolphe Burger, voix grave inspirée par le rock et le blues se met en harmonie avec le chant profond d’Érik Marchand inscrit dans les musiques modales. Le voyage est au programme. A l’image de la pochette de leur album où des Indiens à plumes descendent sur des luges, comme une photo joyeuse tirée d’une ancienne chronique. Burger et Marchand font fi des barrières pour nous faire entrer dans leur ensemble inclassable.

C’EST DANS LA VALLÉE A FÊTÉ SES 20 ANS
Le festival C’est dans la Vallée est né en 2001. C’est autour de trois concerts du groupe rock Kat Onoma (Rodolphe Burger) à la Chapelle de Saint-Pierre-sur-l’Hâte qu’il fut lancé. Le festival a proposé des concerts gratuits dans les bars, une installation de plasticien, des projections de vidéos inédites et de films, des concerts dans des lieux insolites. Cette année le festival a concentré sa programmation sur le site historique d’Échery (Haut-Rhin) et s’est déroulé sous la forme d’un parcours enchaînant les propositions. www.cestdanslavallee.fr

Ce n’est pourtant pas le temps jadis qui donne le ton de cet album aux accents tantôt balkaniques, blues, et tantôt rock. La gadoulka bulgare, violon populaire bulgare de forme oblongue, jouée par Pauline Willerval n’a rien à envier à la guitare électrique ou le oud. D’étapes en étapes la rencontre se fait partenariat. Du premier titre, Kazanova, reprise métamorphosée d’une chanson d’Érik Marchand en trio (avec Titi Robin et Keyvan Cheminari) à la reprise en une version incandescente d’un classique du groupe suisse Grauzone (les frères Eicher, Marco Repetto et G.T), Eisbâr. La descente dans la mine s’est montrée fructueuse.

L’album fait un détour vers l’Amérique avec notamment le morceau « John Henry », du nom d’un célèbre working class hero, poseur de rail, creuseur de tunnels, mort après avoir défié une machine symbole d’une modernité dévastatrice. Entre temps le duo accompagné par Julien Perraudeau, Arnaud Dieterlen et Mehdi Haddab ‘(oud) aura proposé un détour du côté de la Turquie avec la reprise d’un traditionnel et une plongée dans une festive nuit albanaise.

Il s’agit bien de se laisser surprendre à l’écoute d’un duo nomade et généreux.

Rodolphe Burger et Érik Marchand, Glück Auf !(bonne chance !), Dernière bande/Pias France/ Naïade Productions 2021. Le site de Rodolphe Burger, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« Gluck Auf! – Before Bach Chapitre 2 (Teaser) » :