La Rue Kétanou, à corps et à cru
L’un des éléments de communication de ce nouvel album réside en son visuel : ces quatre-là sont de drôles de zèbres. Des codes-barre colorés, qui forcément se montent à cru, régime sans selle.
L’opus est tant une compile de quinze titres (dont plus de la moitié tirés du précédent album : 2020), captés en public (en des tas d’endroits en France, Suisse et Belgique) que l’offrande de quatre « z’inédits » sortis de studio. Si c’est pas un beau cadeau, ça…
Si à cinquante ans on n’a pas encore vu La Rue Kétanou en concert, on a raté sa vie de scènes, on est forcément désenchanté. Ce disque-là réparera les dommages des oublieux et contentera les z’abonnés du quatuor. Ce sont des mots crus, qui ne manquent pas de sel. C’est du beau, du grand, du virevoltant, « condensé de puissance et d’émotion », c’est parmi ce qu’on fait de meilleur en chanson : leur succès auprès des jeunes ne peut que nous rassurer sur l’avenir de la chanson, pas si moribonde qu’on aime à le dire…
Par chacun de nos quatre zèbres, les quatre nouveaux titres ont été écrits au premier confinement et forcément en portent la trace, les questionnements : « Confinement recueillement / En attendant / Mon amour et mes enfants / Ont tout le temps / Ma valise est défaite / Je cède le passage / Au chant de l’alouette / Au vol de l’oie sauvage » écrit Florent Vintrigner, à qui Mourad Musset semble répondre : « Les oiseaux vous disent merci, merci pour ce répit / Merci pour ce printemps sans effusion de sang ». Olivier Leite se pose sans illusion la question : « Si le monde d’avant nous court après, le monde d’après sera comme avant tu crois ? ». Pierre Luquet tente de le rassurer : « Attends, il faut que l’on tienne / C’est dur, c’est le printemps / Une vie nouvelle chassera l’ancienne / Mais la liberté on la reprend ». Une « bulle bien temporelle issue d’un contexte bien particulier, une parenthèse qui contraste avec l’euphorie des concerts ». Une très belle parenthèse.
La Rue Kétanou, A cru, Irfan (le label) 2021. Le site de La Rue Kétanou, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.
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