Nadamas, franc cyclone
25 septembre 2021, Le Quai des Arts, à Veynes (05),
À voir les fleurs qui ont poussé sur la scène, on se dit peut-être que ce qui va sortir des sept membres de Nadamas va être tendre comme un pétale. Eh bien pas vraiment, car voici un groupe qui non pas donne son nom à cyclone mais crée l’ouragan ! Dès leur entrée en scène, le sol tremblote de vibrations, ce qui, inévitablement, finit par atteindre le corps du spectateur qui se met soudain à s’agiter et se trémousser par écho.
« Finis les rivalités la consanguinité / depuis qu’on nous a greffé les voisins d’à côté ». Fiers Francs-comtois, les sept turlupins dans leur jardin de micros vêtus de fleurs sauront en effet vous déménager la soirée de leur son festif (ainsi défini par ledit groupe) mais aussi auto-pince-sans-rire…et engagé à coup d’accordéon, cuivre, guitare et caisse claire : ce n’est pas tous les jours, par exemple, qu’on entend un hymne à la nouvelle région Franche-comté-Bourgogne louant l’accueil plutôt que chauvinisme.
« Il contemple son œuvre il ne compte pas ses heures » Même esprit se sent dans une chanson d’amour dédiée « à tous ceux qui ont peur du métissage des peuples », chanson assez classique toutefois dans le thème de l’amour conté du point de vue masculin – « J’allais de port en port / Vers des parfums d’ailleurs », comme à vrai dire l’ensemble des titres qui parlent de femmes sur cet album : on aurait peut-être envie de voir autre chose! Mais embarqué dans de furieuses mélodies, on voyage on voyage, et se laisse emporter sur le bateau des lieux communs de nos histoires.
« J’ai marché pied nu dans le silence de la nuit ». Car ces textes puisent tous dans notre quotidien?; ce sont des textes conversations?; des histoires de bar, des p’tites choses qu’on raconte à son miroir – « Nu devant ma glace, je contemple le spectacle de désolation je rentre le ventre puis quand je relâche les perles gouttent à mon front ». Souvent on rit, mais parfois on écoute aussi avec mélancolie. Ainsi va mention spéciale à La Vieille qui, sur un rythme entraînant, arrive à nous parler de la peur de vieillir – « Pliée courbée sur le chemin / La vieille maintenait son train / Pliée courbée sous la pluie drue / La vieille descendait la rue / Hurlant l’hiver criant la nuit / Le vent taillait dans ses habits / L’étendard noir et suranné / De la mort et ses cavaliers ».
« Dans son jardin tout est mort dézingué par les deux blaireaux ». Si les paroles se noient souvent sur scène dans la joie décuplée des instruments, et si le langage vogue parfois dans le familier, il faut dire qu’il y a chez Nadamas de ces histoires qui marquent par leur petite irrévérence aux divers diktats – ceux du monde et les nôtres. Prenant presque la forme de fables philosophiques, ces chansons « engagées » tournent en dérision la société qui marche plus vite qu’elle ne pense, comme dans Petit Poison, vie d’un petit jardinier confronté à adeptes de l’abondance et des pesticides en tout genre. Côté engagé voulu et bien intentionné, comme l’explique Franck, l’auteur-compositeur du groupe au Progrès. Le tout bien sûr encore et toujours dans des rythmes virevoltants sur lesquels le public est obligé de danser (ou tout du moins de se balancer de droite à gauche et de gauche à droite), rythmes infusés d’influences d’ici et d’ailleurs : du reggae au bal musette en passant côté Balkan ou encore à la salsa, c’est pas triste, avec Nadamas, de chanter l’urgence. C’est presque si on aurait envie à leur image de faire dans l’adage : après Nadamas, toute tristesse trépasse !
Pour en savoir plus sur les survoltés Nadamas, c’est c’est ici ! La Rumeur est leur dernier album, sorti en 2020. Quant à leurs prochaines scènes, elles seront là.
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