Thomas Fersen, show lapin
Bruxelles, le W:Halll, 24 septembre 2021,
Nous avions quitté Thomas Fersen sur une formule de piano-solo (avec un passage à Barjac, cuvée 2019), qui elle-même faisait suite à une tournée en quatuor à cordes. Armé de son nouvel album C’est tout ce qu’il me reste, voici qu’il nous revient entouré de quatre magnifiques musiciens : Lionel Gaget au piano, Jean-Philippe Motte à la batterie, le revenant Alejandro Barcelona à l’accordéon (qui l’accompagna durant ses premières tournées) et le fidèle Pierre Sangra aux guitares et violon. Une belle équipe pour une ribambelle d’ambiances musicales : musique baroque, slave, tzigane, rock ou java… Une richesse instrumentale parfaitement adaptée à l’imagination foisonnante de l’artiste.
Visiblement, la tenue de lapin qu’il arbore sur la pochette de son dernier album est au goût de notre fantasque chanteur : c’est revêtu de celle-ci qu’il entre en scène ! Pour ne jamais la retirer, même si l’encombrant déguisement l’entrave quelque peu dans ses mouvements. Notons qu’outre l’effet de surprise qu’il provoque (et que je viens de vous gâcher, merci Nos Enchanteurs !), l’accoutrement prend toute sa saveur sur un passage de la chanson Elisabeth : « Va pas t’imaginer des trucs / Que je fabule ou que je truque / Car si je mens pour le copain / Que je sois changé en lapin… »
Débutant par l’homme-chat de Richelieus (et son final ad hoc : « Mais je n’en restai pas moins / Un chaud lapin »), s’achevant – hors rappels – sur le strip-tease de Big bang, le concert voit s’enchaîner titres nouveaux (8 chansons sur les 10 qui composent le petit dernier), les classiques incontournables (La chauve-souris, Diane de Poitiers, Zaza, Monsieur…) et quelques chansons repêchées, que l’on n’avait plus eu l’occasion d’entendre sur scène depuis longtemps, comme ce toujours épatant Bucéphale ou la tendre et mélancolique Je suis devenue la bonne. On y ajoute, selon sa récente habitude, trois monologues déclamés, où la plume du maître-versificateur n’a d’égale que son humour malicieux à tendance coquine, qu’il s’agisse de glorifier les pelles (celles qu’on roule, pas les outils !), de narrer l’effet provoqué par un maillot de bain trop petit ou de vanter les mérites des balconnets bien fournis.
Tous ces morceaux se mêlent sans aucune discordance, tant il est vrai que le répertoire de Thomas Fersen est d’une cohérence sans faille et d’une intemporalité qui se joue des années. La fantaisie est au pouvoir et se rit des convenances chansonnières (qui d’autre que lui oserait une chanson avec le mot slip revenant sans arrêt ?). Écriture au cordeau, esprit et intelligence restent les maitres-mots pour résumer son œuvre.
Durant plus de deux heures, bien que peu disert entre les morceaux, le chanteur va mener la danse, en grand matou matois qu’il est. Le public enthousiaste participe avec bonne humeur, faisant les chœurs sur Pièce montée des grands jours, criant comme à la foire sur J’suis mort et son histoire de squelette au train-fantôme, battant la mesure sur Saint-Jean-du-Doigt, sans que l’artiste ait besoin de l’y pousser. Le sourire qu’affichait chaque visage au sortir de la salle valait tous les sondages : la soirée fut excellente en tout point.
Le site de Thomas Fersen, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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