Printival 2021. Paroles d’Ogre (sur Pierre Perret)
Sauvé dans Bruno Hildesheim, En scène, Festivals, Interviews, L'Équipe, Sylvie Hildesheim
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Retour sur La fête à Pierre Perret qui, à l’initiative des Ogres de Barback, s’est déroulée il y a quelques jours au Printival Boby-Lapointe à Pézenas (lire notre article ici). Après la chronique de cette soirée, entretien avec l’un des quatre Ogres, Sam Burguière, réalisé pour NosEnchanteurs par Sylvie et Bruno Hildesheim.
NOSENCHANTEURS. Comment s’est fait le choix de cette soirée « Perret » ?
SAM BURGUIÈRE (Les Ogres de Barback). J’ai déjà organisé plusieurs soirées comme cela, lors des précédents Printival, et cela faisait longtemps qu’avec Dany Lapointe, la directrice du festival, nous voulions faire une soirée pour Pierre. Il était vraiment copain avec Boby et, là, cela prenait tout son sens. Le fait de la faire en août en extérieur, nous avons pu avoir neuf cents personnes au Théâtre de verdure ce qui aurait été impossible au mois d’avril quand se déroule normalement le Printival.
C’est toi qui a coordonné la soirée ?
Oui, c’est mon rôle. Choisir les chansons, l’ordre et tout ça…
Les autres Ogres ont-ils participé aux arrangements ?
Tous se sont vraiment investis, Thierry l’accordéoniste et les chanteurs invités aussi. Pour moi, au final, par rapport aux années précédentes, c’était très facile pour le coup.
Raconte-nous la toute première rencontre entre les Ogres de Barback et Pierre Perret ?
Comme on l’a dit hier au concert, quand nous partions en vacances quand nous étions enfants, il n’y avait qu’une cassette dans le camion familial : c’était une cassette de Pierre Perret que l’on écoutait en boucle. Quand nous avons commencé à faire le groupe, nous faisions une reprise de la chanson Au café du canal et, assez vite, nous avons été amenés à jouer pour les découvertes du festival Alors chante de Montauban et nous avons eu la chance de la jouer devant Pierre Perret : c’était dans la fin des années 90. Nous avons sympathisé lors de cette rencontre et nous l’avons invité un peu plus tard lors de notre passage à l’Elysée Montmartre. Il est venu, il a chanté ses chansons devant 2000 jeunes qui connaissaient ses chansons par cœur, il a complètement halluciné et depuis on ne s’est plus quitté. Il est venu régulièrement lors de nos représentations et nous a également souvent invité.
Pour vous Pierre Perret est resté une référence, même lors de votre adolescence, quand vous à la fin des années 80, vous écoutiez du rock alternatif, ou d’autres chanteurs français plus jeunes ?
Oui, même si on écoutait des groupes comme la Mano Negra, nous sommes restés fidèles à Pierre Perret. Au fond, il y a des choses qui sont très proches, notamment au niveau du texte, Pierre Perret à toujours eu un esprit rebelle.
Dans votre collaboration, y a t il eu d’autres formes de collaborations artistiques que de simples invitations à des concerts ?
Oui, il nous a confié les arrangements d’un album qui s’appelle « Çui là » (sorti en 2002), on était encore très très jeune, c’était assez impressionnant mais on l’a fait, c’était la première grande collaboration sur un disque, ensuite il y a eu quelques bricoles et puis on a fait « La tribu de Pierre Perret » en 2017, on lui a demandé de faire un disque de reprises de ses chansons avec tout un tas d’invités, il nous a dit mais carrément, vous avez carte blanche, par contre je veux être là à tous les enregistrements. Il était à fond, ça lui plaisait beaucoup, et il y a eu une date à Pleyel pour la sortie de l’album.
Et puis, l’année dernière pendant le confinement, il nous a appelé : « Les gars, j’ai une chanson, je ne sais pas trop quoi en faire ». On lui a répondu « Tu sais, avec les moyens techniques actuels, on peut enregistrer les arrangements chez nous ; toi tu peux faire la voix chez toi, on t’envoie un technicien et c’est bon ». Et comme cela, nous avons enregistré trois chansons à distance sans se voir, puisque c’était le confinement, c’était rigolo. Il y a notamment Les confinis qui a fait un carton sur Youtube : ces chansons sont devenues les inédits de sa dernière compilation, Mes adieux provisoires, ces des chansons qu’ils avaient envie de sortir vite car s’il attendait ce ne serait plus d’actualité et ce serait dommage.
Les chansons que vous avez faites hier, c’était vraiment la cassette de 1977 ?
Oui c’était vraiment les chansons que l’on écoutait quand on était petit, avec un certain nombre de pas connues. Il faut dire qu’il a tellement de chansons (environ cinq cents) que, forcément, on en trouve facilement qui ne sont pas connues.
Et le choix des autres artistes ?
Wally et Jùr étaient sur le festival. Pour Erwan, on a d’abord choisi les chansons, puis on s’est demandé qui pourrait les chanter. On avait Mimi la douce et Celui d’Alice et on a pensé à Erwan Pinard, on a trouvé que cela lui allait bien. Pour Léopoldine, La petite, c’était une chanson qu’elle avait chantée pour un tremplin où on l’avait entendue et ça nous avait bien plu.
Comment vivez-vous les textes de Pierre Perret, tant dans la société d’aujourd’hui qu’au niveau de la forme de son écriture ?
Pour nous, c’est une source d’inspiration. C’est quelqu’un qui travaille vraiment beaucoup ses textes. Par exemple, quand on a fait les chansons à distance, il nous envoyait ses textes mais deux jours après il nous envoyait une nouvelle version. On décortique toujours ses textes et c’est vraiment un modèle.
Pour vous c’est quelqu’un qui est toujours très contemporain, qui a réussi à évoluer…
Oui. Par exemple, il y a quelques années, il a sorti un album en réaction à la montée du front national. Nous on fonctionne aussi comme cela, on réagit à l’actualité, on écrit des chansons, puis on sort un album dans la foulée. C’est quelque chose qu’on a en commun.
Pourtant, il n’a plus la même audience qu’avant…
Oui, c’est autre chose qui nous rassemble, c’est qu’il ne passe jamais à la radio et nous non plus (rires) mais tout va bien, il y a beaucoup de monde aux concerts, on est pas du tout aigris par ça. Lui il a pu l’être à une époque, il a été censuré aussi, même il y a pas longtemps, il a écrit une chanson sur France-Inter, T’as pas la couleur, où il raconte qu’un programmateur lui a dit qu’il n’était plus dans la couleur de la station. Alors que Pierre Perret a encore plein de choses à dire et nous ont préfère lui faire des hommages comme hier quand il est encore là, parce que ce serait dommage de s’en priver.
Lors de la soirée d’hier, l’émotion était évidente, même dans sa façon d’interpréter Avanie et Framboise. D’ailleurs, comment s’est fait ce choix ?
On voulait lui proposer, mais avant qu’on lui en parle, c’est lui qui nous a dit ce sera celle là et pas une autre car elle comptait beaucoup pour lui, c’était une chanson qu’il chantait avec Boby. Même quand Boby a fait ses premières parties à la fin de sa vie à Bobino, Pierre le rejoignait sur scène pour chanter cette chanson.
Hier on découvrait vraiment Pierre Perret interprète d’autres chanteurs… D’autres projets avec Pierre Perret ?
Il va nous rejoindre quand on va faire l’Olympia le 17 septembre prochain. Et puis c’est encore des arrangements de chansons. Dès qu’il a des nouvelles chansons, il nous appelle. Là, hier, il nous en a chanté de nouvelles dans la loge : maintenant, c’est à nous de faire les arrangements dès qu’on a le temps.
Donc, il y aura bientôt un nouvel album…
Ah lui, il sera chaud c’est sûr. Et c’est encore des chansons qu’il écrit un peu dans l’urgence et qu’il veut les sortir rapidement.
Il a encore des choses à dire…
C’est exactement ça, il se dit qu’il a encore plein de trucs à dire et qu’il faut qu’il les dise maintenant, et pas demain.
Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Pierre Perret, c’est ici ; ce que nous avons déjà dit des Ogres de Barback, c’est là.
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