Charles Souchon : quand Ours gravit des montagnes
Charles Souchon, dit Ours, ou la concordance réussie des temps nouveaux. Le cadet de la fratrie Souchon explique avoir passé le cap de la quarantaine, être devenu papa, notamment. Il sort ces jours un quatrième album maîtrisé, Mitsouko. Écrit dans l’urgence (un bébé à la maison çà oblige à changer le tempo d’un noctambule), l’album traduit des émotions multiples inscrites dans un calendrier très personnel. Cette fameuse 5ème saison, un des treize titres à l’affiche, en cette fin d’été 2021, d’un bon mélodiste aux mots doux.
Le capital artistique d’Ours s’y déploie grâce à cette touche délicate qui caractérise son répertoire depuis son premier album en 2007 où s’invitaient des fanfares. Mitsouko évoque le fil des jours, certains enjoués d’autres moins, et plaide au final pour une éternelle fantaisie pour ne pas vieillir trop tôt. A cultiver à tout âge. De quoi t’as peur ? interroge le jeune quadra et ses questions : « Une nouvelle décennie commence… / Et le ciel est immense ». Dans la chanson Bercy, Ours saisit cet air du temps qui le préoccupe. Quand un concert de NTM réveille toutes les nostalgies face à une jeunesse qui s’évanouit ou s’épanouit, c’est selon. Que sommes-nous devenus, se demande le chroniqueur qu’il est en regardant la foule des spectateurs ? La forme de parrainage engagé avec un groupe aujourd’hui disparu mais pas oublié, les Rita Mitsouko, qui donne son titre à l’album ne laisse aucun doute sur les ambitions d’Ours : casser le train-train et conserver ce grain de folie si nécessaire. En paroles cela donne « Mitsouko / Je veux quitter mes sabots / D’une vie rangée sans Tango / Un fade Fado ». Le tout sur des arrangements enjoués.
Refaire toute la déco, qui n’en a rêvé ? Et pourtant le monde n’est pas parfait. Des amis meurent trop tôt. Deux titres l’évoquent avec ce talent pudique, décalé façon Souchon père, qui caractérise Ours. Que ce soit Saint-Lunaire où la Bretagne sert de cadre au souvenir et Les montagnes de Corée et ses nombreuses interrogations face au deuil. « De l’immense que voit-on vraiment ? ». Que de hautes montagnes à gravir.
Comme on s’en doute, les saisons de l’amour sont aussi au programme. Comme dans Mi-clos et Lisbette, à Lisbonne. La femme du chanteur, Cécile Hercule, apparait en duo sur un titre Perdu Cet Air. La quarantaine réussit à Ours qui se montre plus empathique. On a aimé son récent duo avec Yvan Marc, et le cadet des Souchon se produit volontiers désormais en famille avec père et frère. Comme ces jours lors de la 50ème session des rencontres d’Astaffort. Comme si Ours fendait l’armure et quittait la caverne qu’il s’était construite pour s’exposer davantage. Ours n’a pas fini de nous surprendre.
Ours, Mitsouko, Capitol/Universal 2021. La page d’Ours sur le site Universal, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. En concert le 1er octobre 2021 au Beffroi à Montrouge (92), le 2 à Plouguerneau. Les 21 et 23 novembre au Café de la danse, Paris.
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