Aldebert : l’allégorie de l’universalité, la poésie et la conscience
Depuis 2008 le projet Enfantillages connaît une popularité sans cesse accrue : le public ne se trompe pas, qui a perçu l’humanité, la finesse et l’exigence de Guillaume Aldebert au service du beau et de l’intelligence. Disons-le sans attendre : ce quatrième opus est bouleversant de poésie, d’humour et d’émotion.
Aldebert a le secret du cocktail magique, des mélodies d’une efficacité redoutable, des orchestrations, des arrangements ciselés et des sujets ouverts sur le monde, sur la société avec ce prisme bien a lui qui parle à tous. Plus que jamais, cet album regorge de chansons transgénérationnelles. D’ailleurs peut-on encore parler de chansons pour enfants ? Aldebert réussi la performance à la fois d’éveiller l’enfant au monde et de réveiller cette part d’enfance souvent oubliée chez les adultes.
Le thème dominant de cet album est le voyage. Dès le premier titre Le grand voyage, Aldebert propose un échange avec son fils Charlie sous la forme d’une déambulation onirique et métaphorique qui répond aux questions existentielles que se posent les enfants. « d’où venons nous, où allons nous, sur ce caillou ? » « Les voyages forment la genèse » et « les gens qui s’aiment se retrouvent et forment une constellation » pour finalement conclure en guise de Carpe Diem par « puisque nous sommes que de passage, alors chantons« . On retiendra aussi de L’arnaque, un titre avec Oxmo Puccino et Youssou Ndour, « restez un peu sur le manège, ne grandissez pas trop vite », « restez enfant, la suite est une arnaque ».
Le voyage se poursuit autour de La danse (avec la participation de Jeanne Cherhal et du chanteur réunionnais Gramoun Sello) et Emmène moi (en duo avec Yannick Noah) : des chansons aux rythmes latinos, folks, hauts en couleurs, qui nous rappellent la diversité du monde et l’universalité : « la terre est un grand pays ». On fera un petit détour dans l’ouest américain au son du banjo et de l’harmonica de Greg Zlap, pour un drôle de Western spaghetti : « Im a poor lonesone school boy ».
C’est avec un titre comme ce duo avec Calogero, Double Papa, qui aborde le thème de l’homoparentalité que l’on mesure l’aptitude d’ Aldebert à aborder des sujets de sociétés essentiels : « L’important tu sais ma fille / Ce n’est pas toujours / De donner la vie / Mais de donner l’amour ». On sera sensible à Assis soient-ils, un appel à la préservation de la planète : un duo exceptionnel aux sonorités puissantes, très rock, avec Peter Garret, le chanteur australien de Midnight Oil qui fut aussi ministre de l’environnement dans son pays. « Quel manque de cervelle, puisque l’on scie / La branche sur laquelle, on est assis / Faut arrêter les dégâts, et les plans sur la comète », « Regardez dans quel état vous nous laissez la planète ! »
Et, puisque les marmots adorent, il fallait bien retrouver un monstre, un Alien et drôle de super (anti) héros : ce sera Mytho-man, avec le compère Guillaume Meurice (de « Par Jupiter », sur France Inter) et le très lunaire Raphael Mezrahi.
Subtilement et sans angélisme, Aldebert distille ses valeurs humanistes, toujours avec humour, qui plus est dans une production musicale cosmopolite et riche. Ne le ratez pas sur scène. Il promènera son Enfantillages 4 en tournée du 18 septembre au 31 mai en France et à l’étranger.
Aldebert, Enfantillage 4, 2021. Le site d’Aldebert, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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