Barjac 2021. Au Café du Canal : le comptoir du bonheur !
Sauvé dans Anne-Marie Panigada, En scène, Festivals, Francis Panigada, L'Équipe
Tags: Au Café du canal, Barjac 2012, Barjac 2021, Céline Glossin, Dominique Babilotte, Eric Pellerin, Gérard Morel, Nouvelles, Pierre Perret, Soaze Quintin, Yves Briens
5 août 2021, festival Barjac m’en chante,
Succulentes, savoureuses, les chansons de Pierre Perret se dégustent. On s’en délecte comme on le fait d’une bonne chère, d’un bon vin. Rondes en bouche, elles sont objets de partage, de plaisir commun. Douces ou épicées, poétiques ou polémiques, leurs refrains et couplets regorgent d’humanité, sources de fraternelle complicité, de convivialité.
Quoi de plus naturel pour s’en abreuver qu’un comptoir, une table de bistrot, autour d’un verre, un lieu où les langues se délient, où l’âme se confie, où se mêlent rire et mélancolie, coups de gueule salutaires et souvenirs nostalgiques. C’est là que nous convie la joyeuse troupe d’épicuriens du verbe d’ACDC (Au Café du Canal) dans ce lieu emblématique où l’on peut apporter ses baisers mais aussi sa tendresse, sa poésie, ses sourires.
Au creux de la salle Trintignant, le décor habilement reconstitué de ce petit bar voit s’installer un public assoiffé et prend vie au fil des mots, des musiques, des apparitions de personnages pittoresques. On découvre Bruno (Eric Pellerin), patron du bistrot et accompagnateur derrière son « piano bar », Rosette (Soaze Quintin) en serveuse dynamique et engagée, Mademoiselle Blanche (Céline Glossin), cliente discrète, un brin mélancolique, objet de l’attention des autres clients du café, Marcel (Yves Briens), habitué de l’endroit, truculent et débonnaire plombier de métier et Monsieur Pierre (Dominique Babilotte), reflet de Perret, fil conducteur et chef d’orchestre. Ces « chant’acteurs », comme ils se nomment eux-mêmes, férus de comédie et de chanson, vont unir leurs voix dans un spectacle qui, bien plus qu’un tour de chant, est une tranche de vie.
Au gré des dialogues, des interpellations, les couplets de Perret répondent aux états d’âme de ces complices : Le temps des puces vient raviver les souvenirs de Monsieur Pierre et de Marcel, à l’évocation du bonheur simple (Quand le soleil entre dans ma maison) répond celle, haute en couleurs, de La bérézina et Mon p’tit loup apaise le cœur triste de Mademoiselle Blanche. On retrouve le tendre Pierrot, par la voix de Dominique Babilotte, pour une fort belle lettre d’amour écrite des confins de l’Amérique du Sud (Janine) ou dans une délicate adresse à une jeune fille (Fillette, le bonheur c’est toujours pour demain).
Une part importante cependant est accordée à l’artiste de conviction, l’humaniste attentif aux soubresauts de la société, que ce soit la vente d’armes (Le monsieur qui vend des canons), la mal bouffe (C’est bon pour la santé) ou le sort des enfants des cités de banlieue (Y’a cinquante gosses dans l’escalier). Place aussi au Perret féministe et antiraciste avec, par les voix de Rosette et Blanche, l’évocation du sort des femmes africaines (Riz pilé), l’oppression d’un quotidien, l’excision, la misère, celle qui envoie les jeunes filles vers l’illusoire paradis de la prostitution (Malika) à laquelle fait écho cet appel au métissage (Mélangez-vous), hymne à la liberté, à la fraternité, sans oublier l’évidente Lily, héroïne de tous ces combats.
Habilement mis en scène, sous l’œil attentif de Gérard Morel, le spectacle s’enchaine sans temps mort avec un enthousiasme communicatif. On sent ici le plaisir, la jubilation qu’ils ont à s’approprier ces titres, cette langue malicieuse, touffue, imagée, tout ce qui fait de l’œuvre de Perret une vraie chanson populaire, de celles qui nous accompagne, nous habite, une chanson qui, bien que familière, ne cesse de nous surprendre par sa richesse. Cet après-midi là, le bonheur n’était pas pour demain, il était au rendez-vous avec un hommage joyeux, concocté par des amoureux de la chanson. Et si toutefois, ce « Café du canal » venait à prendre place près de chez vous, n’hésitez pas ! Mettez votre télé en panne et allez trinquer à leur santé !
Le site de « Au Café du Canal », c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Pierre Perret, c’est ici.
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