Namur 2021. Quelques morceaux de Pomme
Les Nuits solidaires, Namur, 27 août 2021,
Et Pomme fit son apparition. Petit bout de femme à la silhouette gracile, mais avec une force de caractère qui se laisse deviner. Entourée de deux musiciennes (une bassiste-claviériste et une batteuse), dans une belle et trop rare mise en pratique du discours féministe. Elle ouvre son concert par la chanson Anxiété. Tout un programme, bien sûr. Sur une mélodie envoûtante, des paroles pas trop joyeuses : « Je suis celle qu’on ne voit pas / Je suis celle qu’on n’entend pas / Je suis cachée au bord des larmes / Je suis la reine des drames ». Nous sommes avertis : la soirée sera placée sous le signe de l’émotion pure et de la poésie.
Dans ses interventions parlées, l’artiste veille pourtant à détendre l’atmosphère, à risquer quelques plaisanteries ou à interpeller le public. Comme elle l’annonce dans un sourire, son concert est un « spectacle participatif avec une marge de créativité acceptée ». Elle n’en sera pas moins étonnée quand, à sa question de savoir quelle est la spécialité culinaire de Namur, le public lui citera le nom d’une bière locale. Donc, conclura-t-elle, à Namur, quand on demande ce qu’on y mange, on vous répond par ce qu’on y boit ! Une certaine idée de la Belgique…
Le concert est entièrement centré sur son deuxième album, Les Failles (et sa réédition augmentée, Les Failles cachées). De la chanson folk délicate, épurée, que Pomme interprète d’une craquante voix voilée. Des titres tout en douceur, ne s’échappant que rarement vers un rythme plus échevelé (La Lumière…). Avec une émotion intense, lorsqu’elle nous partage au final son désir de maternité (Grandiose) dans une version minimaliste, presqu’a cappella. Un ensemble cohérent, entrecoupé d’une reprise de Désenchantée, de Mylène Farmer, version guitare-solo. Des morceaux qu’elle nous offre en s’accompagnant parfois à l’autoharpe (instrument à l’allure médiévale chelou, dixit la chanteuse). Un parti musical qui, si l’on n’y adhère pas, peut toutefois donner l’impression qu’elle joue la même chanson durant tout le concert.
De la belle ouvrage assurément, porte ouverte sur la rêverie, rappelant Cécile Corbel, voire Angelo Branduardi. Une prestation bien rodée, mais non sans surprises, comme cette chanson de son premier album, Adieu mon homme, interprétée à la demande d’une fan. Ou ce magnifique chapeau-champignon dont elle s’affuble en clôture de set et dont elle nous explique l’origine avec malice (en gros, elle l’a obtenu de force il y a quelque semaines de Pilou, un spectateur venu l’applaudir à Tours !).
Pomme a incontestablement tout pour devenir une grande de la chanson française : un univers musical original, une belle présence sur scène, des chansons intimes mais où chacun peut se retrouver. Le métier, qui l’a déjà bardée de récompenses, croit manifestement en elle. Le lien de connivence palpable avec le public nombreux venu l’applaudir démontre combien elle a pu toucher son cœur. Nul doute qu’un véritable tube viendra bientôt élargir son audience. Partez donc à sa découverte tant qu’elle reste accessible.
Le site de Pomme, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
ET AUSSI
En lever de rideau pour cette deuxième journée de festival, une jeune chanteuse d’à peine vingt ans, venue de la ville voisine, Doria D. Une découverte des réseaux sociaux. De la pop électro en français, interprétée avec fougue et fraîcheur. Un mini-tube alternatif, Dépendance, inspiré d’une relation toxique vécue par l’artiste. D’autres morceaux dans l’air du temps. Une reprise de Jeune et con, de Saez, et en rappel, de Papaoutai de Stromae. Tout cela était bien agréable à vivre, même si notre débutante a encore pas mal de pain sur la planche (au niveau du chant notamment). On croise les doigts pour elle pour la suite de ses aventures.
Le facebook de Doria D., c’est ici.
Deuxième concert du soir : le groupe belge Delta, dont le nouvel album est annoncé en octobre. Le duo donne dans la pop-rock en français et a déjà offert ses compositions à des pointures populaires comme Yannick Noah ou Florent Pagny. On aurait voulu aimer, mais leur musique de variété ne brille malheureusement guère par son originalité. C’est lisse, propre, convenu. On présume que leurs mamans doivent être très fières d’eux et que leurs grand-mères adorent ce qu’ils font. Et c’est là le problème…
Le facebook de Delta, c’est là.
intéressée par vos publications
Bonjour, je me permets une correction car ça m’a frappée : Grandiose ne raconte pas du tout son désir de maternité. C’est une chanson plus imagée que ça. Elle en parle dans plus d’une interview.