Barjac 2021. Juliette en ses nuits d’orage
Sauvé dans En scène, Festivals
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La pluie qui fait des claquettes (une tradition venue de Toulouse, me semble-t-il), un chapiteau bondé pour la divine diva, et elle qui, enjouée, guillerette, s’installe au piano… Du spectacle précédent, le Ricet à la loupe, elle a gardé les deux musiciens, Franck et Christophe, en fait les siens depuis des lustres. Elle a raison, ils sont excellents !
« On va finir par y arriver… » Toute sa vie, Juliette Noureddine a rêvé de chanter au château, sur la grande scène. Mais il est dit qu’elle ne sera jamais programmée que les nuits d’orage : c’est son sortilège à elle, le maléfice de Barjac, contre lequel mille mantras n’y feront rien.
Château ou chapiteau, soyez certain que le festivalier trouve son chemin dès qu’il s’agit d’elle : ils sont venus, certes trempés, doublement piqués ou nasalement chatouillés, mais ils sont tous là. Ils la connaissent par cœur, mais elle a la politesse de néanmoins se présenter : « Parmi mes signes distinctifs / Ronde? du cul, frisée du tif / Il? en est un qu’on n’peut rater / J’ai des lunettes sur le nez… » Des lunettes déjà rondes, d’avant le pinard. Mieux encore, et pour bien se situer en ce festival : « J’aime pas la chanson ! » Car « Elle vient en chafouine / Te ronger l’oreille / Et dans ton cerveau / V’la que tournent en rond / A coups de marteau / Trois notes à la con / J’aime pas la chanson ! »
Tout est Juliette, qui survole son répertoire, y prélevant de-ci de-là des perles, qui ronflent, qui s’aiment, qui procrastinent : « J’attendrai donc demain qu’aujourd’hui soit hier / C’est le meilleur moyen d’exaucer les prières / De jouer les devins et de passer l’hiver / Cette désinvolture c’est ma consolation… » Qui, en ces temps incertains, convoque même la défunte météo marine de Marie-Pierre Planchon… Que du beau, du doux, de l’infiniment voluptueux.
De temps à autre, elle s’en va faire acte patriote, soutenir nos viticulteurs, revenant avec un ballon de rouge : « Le vin délie la langue, il entrouvre le cœur / Il donnera ce soir le ton et la couleur / Rouge ardent de la braise et cristal du désir / A notre nuit d´amour, buvons pour le plaisir ! » A la votr’, public !
Elle est tunique, elle est unique, qui règne en maîtresse sur cette scène étroite bouffée par le piano. Que du fin, du drôle, du léger, du contagieux, je n’ose dire viral de peur qu’on m’en réclame le QR-code.
En rappel, en quatuor avec Delphine Keryhuel, Laurent Malot et Bastien Lucas (les trois du Ricet Barrier), Juliette rend hommage à la désormais absente qu’est Anne Sylvestre, par ce Après le théâtre ? qui, après le long silence des scènes non essentielles, prend un étranger et puissant résonnement : « En scène / Une fois le rideau levé / Plus rien ne peut nous arriver… » Superbe !
Je crois une bonne fois pour toutes que les nuits de Juliette sont plus belles et préférables à toutes autres nuits. Elle est la sensibilité faite femme, pardon : d’une « éternelle pas féminine ».
Le site de Juliette, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
Je n’ai pas l’expérience des concerts de M Kemper ni le talent, aussi dirai-je humblement que je partage son enthousiasme pour ce fameux concert qui m’a beaucoup plu… Jusqu’à l’os !
Sans tisane au miel, la Juliette a donné la mesure de ses cordes vocales, évitant l’ire du clocheton du chatô et la douche pluviale.
Un grand concert de la dame, chapeau !
Peu d’artiste me font rester debout pendant sa prestation, Juliette OUI. Dans son concert on reçoit humour et profondeur. Et Juliette est une formidable interprète. Je me souviens depuis le TLP à aujourd’hui que des moments magnifiques. Merci Madame