Le charme d’un festival pas comme les autres, le goût du fromage de chèvre
Juillet 2021, Festival des fromages de chèvre, La Buissonière à Courzieu,
C’est presque nulle part et ça ne ressemble à rien. A rien de connu. Nous sommes ici dans les Monts du Lyonnais, à La Buissonière à Courzieu, en un festival sauvage, indompté, rétif aux codes. Un petit village de toiles, de tôles et de bois, une auberge, une grange, un large terrain en escaliers, des arbres, des tables, des bancs… C’est un festival de chanson au public étonnement jeune, qu’on ne croise que rarement, voire jamais. Nous qui pensons que les jeunes fuient la chanson « à texte » devrions y aller plus souvent pour tenter de comprendre l’étrange relation qui se joue ici… Nous sommes à la marge, dans une sorte de contre-culture, un petit Woodstock en soi… Un festival qui, encore cette année mais pour d’autres raisons, s’est tenu comme par magie, à l’écart de ce fameux pass, ce QR code qui fait tant débat : comme un repos, un répit. Les organisateurs ont fait le pari de la tolérance des autorités, ils ont eu raison. Pas le moindre masque ici, j’ai tenu la bière pour solution hydro-alcoolique… Rien n’est neutre ici, tout a de la saveur, de l’odeur, du caractère : festif autant que revendicatif, on ne peut attendre moins de cette manifestation dont le créateur et le « boss » n’est autre que Christian Paccoud. Un festival qui, depuis sa création en 2005, « donne la parole à ceux qui ne l’ont pas pour d’autres raisons que ceux qui l’ont ». N’est pas fromage de chèvre pour rien. A l’écart du monde, vous dis-je… Mêmes les nuages menaçants restent à distance, déversant leurs orages aux alentours, mais pas ici.
Cinq jours de festival. On sait les artistes qui s’y produisent, mais ni quel jour, ni quelle heure. De toute façon, le public est ici disponible, pour partie captif. On vient à ce festival, on plante sa tente et on vit cette vie d’improbable village… Ici, on fait sa tambouille : là, les stands de frites et de crêpes ainsi que la buvette ne désemplissent pas.
Qui dans la chèvrerie-théâtre, qui sur la grande scène buissonnière, les concerts et spectacles se succèdent, à des horaires très précis. Les genres se succèdent, se mélangent. Le slam de Mehdi Baoufi précède ou succède une chanson traditionnelle ou pas, un Erwan Pinard, ce crooner punk et insolent, ou une Claire Elzière qui vit si bien les rimes de ceux qu’elle interprète, Leprest et autres. Un Leprest qu fera l’objet, le dernier jour, d’un « récital » quasi improvisé, dans l’herbe et sans micro…
Ouverture « en beauté » le premier soir avec le Sister System (Armelle Dumoulin, Eléna Josse, Sophie Plattner et Fanny Lefebvre), clôture en spectacle final avec les artistes du festival qui interprètent « des textes envoyés par mail ou par la Poste par des personnes placées en institution et prisonnières du virus ».
Entre les deux, des spectacles pour enfants (dont « les plus mieux de Christian Paccoud »), des cabarets inattendus réservés « aux vrais amateurs ». Et Laurent Gauthier, Stag, Les Ateliers du Mascaret, la Cie Chien Mange Chien, Clara Sanchez, la Cie Le cri de la fraise, Pur-Sang, Le Grôs-Tour (soit l’addition de tout ou partie des Garçons Trottoirs, Alex Toucourt, David Vincent, Julien m’a dit, La P’tite sœur, A Corps de rue et La Casa bancale), Le Projet D, Johnny Montreuil et Jean Dubois. De la chanson, certes, aussi du théâtre, des marionnettes, des impromptus poétiques…
Un festival pas comme les autres, vous dis-je, qui peut s’inscrire dans votre itinéraire estival, pour peu que vous vouliez connaître cette autre relation à la culture, à la chanson, que vous désiriez fraterniser avec un tout autre public. Le Festival des Fromages de chèvre est en soi une aventure humaine. Qui, je crois, vaut le coup d’être vécue.
Content de voir reconnue et appréciée l’immense implication de Christian Paccoud pour la culture, les différences.
Je tiens Paccoud pour très grand artiste et son oeuvre, son parcours, exemplaires.
Un très grand festival humainement et artistiquement.
Une équipe au top !