Les Suds d’Arles connaissent la chanson

Gaël Faye (photo Stéphane Barbier)

Cap aux Suds. La cité d’Arles vit le début de l’été au rythme des musiques du monde. Les deux rives de la Méditerranée, tout spécialement, pourvoient des pléiades d’artistes représentant la diversité des styles, des sons et des langues. Le public complice se met au diapason d’un rendez-vous avec cette part d’universel et de dépaysement qu’il vient chercher.

En 2021, les temps changent un peu, Covid oblige. Pour mener à bien cette 26 ème édition, les organisateurs sont restés branchés à la fois sur les conditions météo et sur les mesures sanitaires diffusées au jour le jour. Côté programmation, priorité a du être donnée aux artistes résidents dans l’hexagone et dans l’espace Schengen, autorisés à se déplacer. Et les ressources sont nombreuses en nos pays. Une seule tournée, celle d’une artiste malienne a été annulée.

Impossible de résumer sept jours de concerts, débats, stages et découvertes. Pour Nos enchanteurs je soulignerais trois soirées accueillies dans l’espace séculaire et impressionnant du Théâtre antique où le ciel étoilé se fait fond du décor naturel et invite au voyage. Du romain au contemporain, le chant s’élève pour dire les peurs, les joies, et tout ce qui touche à l’âme humaine en ses voix. Voilà donc quelques échos de 2021 avec une confirmation, une émotion intacte et un grand moment de communion !

Première étape de mon trio estival, la grande scène offerte à Piers Faccini. Anglo-italien installé dans les Cévennes ce « multiste » (dessin, musiques et autres expressions artistiques) est à l’aise en ses lieux et impressionné comme tout le monde. Affiché dans le cadre des moments précieux, appellation propre aux Suds, le concert a conjugué les titres du nouvel album de Piers Faccini (Shapes of the Fall, les formes de la chute, label No Format). Avec ses musiciens où dominent la guitare et le son oriental qui rappelle ses influences. Citoyen de son propre imaginaire, de La Nouvelle-Orléans au sud de l’Italie, son répertoire privilégie les complaintes, les ballades. Comme autant de baumes, de remèdes pour guérir nos maux. Ceux qui touchent notre terre. Une confirmation d’un talent singulier apte à captiver 2.200 personnes d’une voix douce.

Souad Massi (photo Florent Gardin)

Pour mon second écho, place à Souad Massi, franco-algérienne. La cité d’Arles lui est également inspirante. C’est ici qu’il y a 22 ans, tout juste venue d’Algérie l’une des voix du folk chaâbi algérois a rencontré son premier public. Venue du rock, Souad Massi a rencontré le folk façon Joan Baez, engagé et épuré. Chantés en arabe, berbère et en français les titres traduisent tour à tour le désir de transmettre, les aléas de l’exil, la force de l’émancipation ou encore le soutien aux nouvelles générations de l’Algérie natale. Émotion intacte au final pour une artiste discrète et déterminée qui compte six albums à son actif et de grandes tournées internationales.

Comme un feu d’artifice après l’heure de la fête nationale, le concert du 17 juillet a donné lieu à un de ces moments de communion solidaire qui bouscule les fatalismes. Gaël Faye, né au Burundi d’une mère rwandaise et d’un père français, a offert son univers hip-hop riche en paroles. Le romancier (distingué pour Petit pays, adapté au cinéma) se fait narrateur, accompagné par Guillaume Poncelet (piano, trompette), Louxor (machines) et l’Africain Samuel Kamenzi. Pas un moment de pause ou quasi dans ces 90 minutes dédiées également à l’action de l’association SOS Méditerranée, en première ligne pour secourir les naufragés. L’album « Lundi méchant », le deuxième, a confirmé les influences musicales plurielles et le talent d’un artiste de 38 ans, capable de faire rêver et de motiver.

A retrouver sur scène : Piers Faccini à Saint-Prouant (85) le 26 juillet, au festival Les Rencarts à Pornichet le 29 juillet, à CosmoJazz festival à Chamonix le 31 juillet.Dans cadre du festival de la voix, festival les romanesques, le 19 août à Roman de Codières (Gard) ; Souad Massi le 4 décembre à la Seine musicale, Boulogne-Billancourt (92) ; Gaël Faye le 15 octobre à Rouen, le 27 novembre au Zénith, Paris-La Villette, le 3 décembre, à Ris Orangis.

Pour l’ensemble du festival voir le site. Le 29 juillet France 3 Alpes Côtes d’Azur diffuse en soirée le concert de Ladavina (chants de l’Arménie avec un duo basé à Lille)) et de Flavia Coelho, artiste brésilienne installée à Paris.

NosEnchanteurs a déjà parlé d’eux : Piers Faccini le 27 avril 2021, Gaël Faye le 15 novembre 2020, Souad Massi le 22 octobre 2014.

« Levante » par Piers Faccini :

« Enta Wena » par Souad Massi :

« Respire » par Gaël Faye :