L’audace et l’intérêt des Férus de Ferrat
Festival Jean-Ferrat, Antraigues, 17 juillet 2021,
Ils sont autant dans cette formation qu’il y a de jours dans la semaine, toutes et tous (citons-les : Émilien, Corinne, Alain, Didier, Frede, Gérard et Gilbert) férus de Ferrat, comme leur nom l’indique, pour eux « monstre sacré de [leur] Panthéon ». Certains sont amateurs, d’autres intermittents du spectacle. C’est au pied levé qu’ils sont cette année sur la grande scène d’Antraigues : on mettra les imperfections de leur prestation sur le dos de cette programmation tardive et de l’interminable confinement, longue cessation d’activité.
Leur volonté de faire connaître Ferrat à aussi jeunes qu’eux, voire moins, est louable. Qui plus est dans un répertoire qui mêle grands classiques et titres beaucoup moins en vue, des incontournables La Montagne, Que serais-je sans toi et Ma môme à des plus surprenants, car la plupart du temps absents de toutes reprises : Mourir au soleil, L’embellie, Tu verras tu seras bien… Et L’amour est cerise, chanson délicieuse dont l’interprétation ne soulignait hélas ni la poésie ni cette audace qui va bien plus loin que l’érotisme : le fait de la partager à plusieurs voix (serait-ce le sexe de groupe ?) explique peut être cela. De façon générale, le répertoire est inégal dans l’interprétation : de belles et franches réussites, comme la surprenante (et réjouissante) entame qu’est Pauvres petits c., et d’autres titres à revoir, retravailler…
Ce n’est pas grave : on retiendra d’abord et avant tout cette volonté orchestrale de séduire d’autres oreilles, dans une option « variété » de belle tenue. Et ce courage, ce culot de porter des textes graves tels que Potemkine ou Nuit et brouillard à un public qui ne peut avoir connu Ferrat, encore moins l’holocauste ou la révolution russe de 1905. Prestation estimable qui a justifié, malgré ici et là quelques critiques, la belle adhésion du public.
Dans nos prochaines éditions, la suite de notre reportage sur la Festival Jean-Ferrat.
Le site des Férus de Ferrat, c’est ici.
Encore un exemple de « beau papier », Michel : c’est-à-dire qu’il se permet la critique constructive qui ne démolit pas les artistes et appelle au travail salutaire tout en soulignant l’impact public… Bravo !