L’espoir Williams (Romain Bouteille) « La gigue des petits morts »
Trop lourd pour leurs pauvres guiboles boles
Plus morts que vivants
Mes enfants s’en vont à l’école cole
Du gouvernement.
Par décision du ministère tère
De l’enseignement
Ils prennent la couleur austère tère
Des enterrements.
Mes petits morts entre deux rives rives
D’hôpitaux blafards
Apprennent dans le poids des livres livres
Le cours du cafard.
L’espoir Williams (Romain Bouteille)
Paroles et Musique Romain Bouteille (1937-2021). Original par l’artiste dans l’album « Joyeux anniversaire » 1999
Du même album on peut écouter, par Romain Bouteille, La rue de la pompe à Nice.
Cette chanson a été réenregistrée en 2010 dans l’album Les Rongeurs (écouter ici) du duo L’espoir Williams, Dominique Bouchery (à l’accordéon et à la voix) et Emmanuel Gaillard qui chante aussi, tous deux issus du milieu théâtral. Relire les articles que Michel Kemper leur a consacrés. Dominique Bouchery, que l’on connaît également pour sa participation à Entre 2 caisses, est l’auteur-compositeur de toutes les chansons de cet album, à l’exception de cette reprise de Romain Bouteille. Peu étonnant que ce choix de chanson lorsque l’on lit la présentation du duo sur leur site : « extravagant, sincère, poétique, libertaire, attendrissant, urticant, délétère ».
N’est-ce pas ainsi qu’on pourrait définir Romain Bouteille, qui vient de nous quitter le 31 mai à 84 ans, lui aussi comédien, acteur, humoriste, poète, auteur de théâtre libertaire et provocateur, et auteur, compositeur et chanteur à ses heures perdues…
En 1968 Romain Bouteille rencontre Coluche et c’est le début de l’aventure du Café de la gare. Il en fera partie jusqu’au début des années 90, auteur de nombreuses pièces dans une organisation collective sans hiérarchie. Il contribue à l’émergence de toute une génération de comédiens toujours parmi les plus représentatifs du cinéma français. Regardez le court-métrage La vie Sentimentale de Georges Le Tueur, 1971, un film de Gambergé, où il joue avec Miou Miou, Gérard Depardieu, Patrick Deweare…
Écoutez-le chanter cette parodie de chanson de séduction, Pas cette nuit, dans cet extrait du Graphique de Boscop en 1975, où l’on reconnaîtra Sophie Barjac.
En 1977 il enregistre un disque entier de portraits décalés de grands peintres, sketches écrits par Michel Rivgauche, produit par Jacques Canetti, de Léonard de Vinci à… Léon Crapouchot (!) en passant par Michel-Ange.
Acteur au cinéma comme à la télévision, il est surtout l’auteur, et souvent le metteur en scène d’une trentaine de pièces de théâtre humoristiques, tendance loufoque, satiriques et anarchistes, critiquant la société avec virulence.
Sa façon délirante d’agiter les mots ressort dans ce poème de sa composition lu sur France Culture en 1990. En 2014 il crée à Étampes le Théâtre-cabaret Les grands solistes avec son épouse Saïda Churchill.
La gigue des petits morts, violente satire de l’Éducation Nationale, a été enregistrée plus tôt en public sur double vinyle par Maxime le Forestier lors d’un concert avec Graeme Allwright donné au Palais des Sports au profit de l’association Partage en 1980. « Mes petits morts vont à l’école cole / Triste infiniment / Célébrer l’amour du pétrole trole / Du gouvernement. »
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