Christian Paccoud, la trilogie de l’enfance
Troisième opus « jeune public » que cette Promenade pour Christian Paccoud (comme le précédent, avec le Sister System composé d’Armelle Dumoulin, Élena Josse, Aurélie Miermont et Fanny Lefebvre qui succède à Sophie Plattner) qui achève ainsi une trilogie. Avec une fois encore un personnage à la marge, à la fois poète, écrivain et pensionnaire d’une prison, celle des « pas sages ». Lui, Roméo Scribouilli, enfermé « comme une souris dans une boite à chaussures », s’évade par l’esprit en faisant naître des personnages hauts en couleurs : « Ainsi, le Petit Fred, Sony la main gauche, Abali, Merlin l’Humain, Gigot le Requin ou Minet Chihuahua vont traverser des forêts, des déserts au gré de la plume de leur auteur. D’aventures en compromis, de peines en joies, de soleil en glacier sans jamais désespérer ils finiront par retrouver Maman et le bonheur d’une maison joyeuse ». L’évasion, forcément spectaculaire, « s’invente en chansons et se balade en prose ». Roméo Scribouilli est fabricant d’émotions…
Si ces chansons (paroles et musique) sont signées Paccoud, les textes d’origine ont été recueillis anonymement au Centre de détention de Fresnes lors d’ateliers d’écriture. C’est coutumier chez cet artiste que de travailler avec des publics « empêchés » comme on dit en politiquement-correct.
Dernier volet d’une trilogie, donc. Sans être un résumé de la vie de Christian Paccoud, l’enfance maltraitée (Arthur le pêcheur de chaussures), la marge (l’enfance qui se retrouve à la rue : Polion le vagabond), la détention même (La promenade)… et l’évasion renvoient à l’enfance et l’adolescence de celui qui à treize ans claque la porte de chez lui pour ne plus jamais y revenir et qui, après moult péripéties et fort de son accordéon « solution à le déroute », deviendra chanteur, fort de l’encouragement de gens de rencontres, comme Serizier et Fanon. « La musique c’est encore partir… » C’est ainsi qu’il faut, je crois, envisager ces trois albums jeune public. Une « trilogie », et non, même si Arthur le pêcheur de chaussures remonte à il y a vingt ans, des œuvres séparées, distinctes.
Paccoud est arrivé au bout de sa narration intime : en paix avec un passé contrarié, difficile, tumultueux, il doit définitivement avoir arrêté de se ronger les ongles [lire Chorus n°45, page 113]. Au demeurant, son œuvre jeune public n’est aucunement différente de celle pour le tout public : c’est pareillement « vivre une espèce de déchirure du monde, une lueur d’espoir, de solution… la poésie tout simplement ». Si vous aimez Paccoud, vous devez tout écouter, pour savoir et comprendre de lui. Ce disque était la pièce manquante du puzzle..
Christian Paccoud et le Sister System, La promenade, Le Furieux 2020. Le site de Christian Paccoud, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Pas de vidéo correspondante à ce nouvel album. On se console avec « Arthur le pêcheur de chaussures » :
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