Dan Gharibian, poète des grands chemins, voyage en trio
« Ah qu’il est bon de vivre et d’aimer… Ne passez pas trop vite, mes jours heureux… ». C’est sur cette invitation chantée en langue arménienne soutenue par des envolées de guitares joyeuses et d’accordéon allègre que s’ouvre l’album du Dan Gharibian trio. Posture de patriarche sur la photo, le septuagénaire se met pour ce deuxième album avec eux au diapason de deux jeunes musiciens venus notamment du jazz manouche.
Da Svidaniya Madame invite au voyage musical. Chaque titre marque une étape. Dans une contrée, une langue, des émotions. Arménien, Grec, Romanès, Dioula du Burkina Faso (Siya Lé), les langues de l’exil, de la mélancolie, des retrouvailles aussi, se jouent des frontières ordinaires. En poète des grands chemins Dan Gharibian (Tavès Bartalo) imprime sa trace. La recette lui est familière. Il a d’abord été connu au sein de Bratsch, groupe pionnier des musiques balkaniques et tsiganes (1972-2015). Il réunit pour ce nouvel ensemble Antoine Girard (accordéon) et Benoît Convert (guitare) pour partager un dépaysement bienvenu entre générations.
La langue française est aussi du périple. Et voilà un classique de Claude Nougaro, Rimes, revisité par le trio. La chanson prend l’air, des bords de la Garonne toulousaine chers à Nougaro jouant avec les mots, jusqu’aux fin fond de l’Europe balkanique. Autre reprise, celle d’une chanson d’Aznavour, dont le destin est lié à celui de l’Arménie chère à Dan Gharibian, Parce que, arrangée par Benoît Convert et Antoine Girard. « Et la vie n’est plus rien sans l’amour qu’elle nous donne » adopte de sa voix grave le soliste Dan Gharibian.
Ces chansons populaires d’ici et d’ailleurs résonnent de nombre de voyages et de rencontres au gré des tournées et des concerts. Dan Gharibian laisse toute leur place à ses compagnons qui signent des solos et une ou l’autre chanson (Salvatrices mamelles). Avec au final, ces lumières tamisées, ce bon moment partagé, quand la soirée s’achève sous un ciel déjà étoilé. « Mes chansons vous emmènent vers des univers anciens. Qu’ils soient doux, qu’ils soient amers, pas loin du quotidien ». Deux guitares, un accordéon, une voix. Bonne route.
A signaler aussi la sortie de Guenats Pashas, l’album du quintette Papiers d’Arménie, inspiré d’airs traditionnels d’Arménie, de Géorgie, de Grèce, réalisé par Macha Gharibian, la fille de Dan Gharibian qui a fondé ce groupe (Meredith Records/Socadisc).
Dan Gharibian trio, Da Svidaniya Madame, Lamastrock/L’autre distribution 2021. Sa page sur la site de son label, c’est ici. En concert au 360 Music Factory (Paris 18ème) le 22 septembre 2021.
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