Claude Besson, l’amour de l’Armor

Claude Besson (photo non créditée prélevée à sa page facebook)

Comment ai-je pu passer à côté de Claude Besson ? Écoutant le coffret qu’EPM a l’excellente idée de publier (dans la collection rouge et noir, après Jean-Michel Caradec, Marc Ogeret, Claire ou Jean Vasca), je découvre une œuvre remarquable, des chansons superbement écrites dans la force des textes et la beauté des mélodies, sans compter sa voix qui nous emmène loin au pays des contrées marines.

Né le 9 avril 1948 (mère bretonne, père poitevin) et décédé le 23 mars 2019, Claude Besson se fait connaître dès 1966 au Centre américain du Boulevard Raspail (Paris), ce lieu mythique où Lionel Rocheman organisait, en s’inspirant de Woody Guthrie et Pete Seeger, les Hootenanny : des scènes ouvertes sans sélection ni inscription. Parmi les illustres participants : Hervé Cristiani, Steve Waring, Roger Mason, Gabriel Yacoub, Gilbert Laffaille ou encore Alan Stivell. Il devient luthier et fabrique des instruments celtiques tels que le dulcimer, la harpe (il en finalise une pour Stivell) ou le psaltérion. Mais c’est en 1972 que sa carrière de chanteur démarre vraiment, grâce à Nicolas Péridès (producteur d’Yves Simon puis de Frédérik Mey et Jofroi, entre autres). Aux arrangements, le fidèle Jean-Claude Dequeant (arrangeur d’Yves Simon, qui a aussi travaillé pour Alain Souchon, Renaud avant de composer la musique de Libertine pour Mylène Farmer !) Parmi les musiciens des différents albums repris dans le coffret d’EPM, on y croise des grands : Jean-Paul Batailley, Michel Gaudry, Bernard Tessier, Jean-Yves Lozach, Serge Perathoner… Ainsi, entre 1972 et 2004, Claude Besson enregistre une dizaine d’albums et se produit partout dans le monde, entre autres aux côtés de Louis Capart. En 2005, il participe à l’album hommage à Caradec, aux côtés d’Anne Vanderlove, Louis Capart, Jean-Luc Roudaut, Yvon Étienne. Peut-être y aura-t-il donc un deuxième coffret couvrant la période 1981-2004 ?

(pour commander cet album, cliquez sur la pochette)

Les textes des chansons parlent essentiellement de cette terre que nous aimons, la Bretagne, de sa beauté comme de ses drames, à travers l’histoire de personnages attachants tels que Cousine Marie-Madeleine, Marie ma mère, Marguerite, La dame de Josselin. La condition des artisans, des marins y est décrite sans pathos ni slogan dans Menez-du ou Les mères noires. La fête, la danse y sont bien entendu très présentes dans Le diguedon ou Damdidalididam (version personnelle de la chanson folklorique Dans les prisons de Nantes). Excellent instrumentiste et mélodiste très inventif, Claude Besson est l’auteur de bien jolies ballades, comme Les chansons de nos veillées (dans laquelle il cite Brassens, notamment), Entre myosotis et pavot et surtout Mon ami Pierre du Québec, une chanson très émouvante.

Si ton pays n’en est pas un
Il n’en existe aucun
A le chanter son doux parfum
Chatouille tant mes reins
Que s’il fallait que je raconte ses rivages
Le Saint Laurent n’aurait pas honte du voyage
C’est tellement beau, c’est tellement clair dans mon esprit
Comme ces lettres, Pierre, que tu m’écris

C’est donc un auteur compositeur interprète, hélas oublié, que nous (re)découvrons. Les admirateurs de Jean-Michel Caradec, de Tri Yann, de Malicorne, de Gilles Vigneault ou de Crëche aimeront forcément ce coffret de trois CD.

Claude Besson, Les années Péridès, coffret 3 CD, 60 titres de 1972 à 1980, EPM 2021. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Claude Besson, c’est là.

« Kerouze » :

« Mon jardin » :

« Que fléau, ce fléau » :