Natasha Bezriche : parfums de femmes
« C’est une fille ! », 1er avril 2021, captation vidéo à Lyon Music, chez Yves Dugas, facteur de pianos,
Je serai Télérama que j’accolerais ffff à ce récital.
Traiter d’un spectacle dont la vidéo ci-dessous divulgue l’intégralité rend quelque peu vain les mots que je peux y poser. A la visionner, tout est dit, tout est chanté : le talent et l’émotion sont là, d’une rare évidence.
Des portraits au féminin : la femme dans les mots de l’homme ; comment elles se perçoivent elles-mêmes ; le sort qui est fait aux femmes… Que des chansons d’une rare actualité, même les plus anciennes d’entre elles. Ainsi Les bleus de Serge Gainsbourg, sur les femmes battues ; ou Filles d’ouvriers, de Jules Jouy, sur l’exploitation de la femme (ça ne doit pas être autorisé de la fredonner dans les vestiaires d’Amazon…). Même et surtout La côtelette, de Brigitte Fontaine, qui ouvre le récital : « Je ne pense pas avec la tête / Qui sert de décoration / Je suis la femme ».
Natasha Bezriche et son pianiste et arrangeur Sébastien Jaudon ont, ma foi, fait une sélection judicieuse, passionnante pour dire vrai.
On pourrait s’étonner que seul un titre (La petite robe noire, de Juliette) de cette sélection (une vingtaine de titres) soit tiré d’un passé récent, que tous remontent au siècle passé, alors qu’on parle beaucoup de ces chanteuses aux propos sinon féministes au moins féminins. Mais Jaudon et Bezriche aiment le riche des chansons, leur consistance, les mots à mâcher, le grain à moudre, la finesse des textes bien travaillés. Et force est de reconnaître que les chansons de maintenant sont souvent plus maigres en arguments.
On sera étonnés, séduits, par l’incroyable plasticité de la voix de Natasha Bezriche qui semble savoir tout faire, qui a en elle un peu de celles de Barbara, de Michèle Bernard, de Fréhel, de Colette Magny, de Marie-Paule Belle… A l’aise dans tous les registres de l’émotion. Et l’amour et la colère… On sait qu’elle fut bercée par toutes ces chanteuses qui lui ont donné envie d’à son tour chanter : elle semble avoir tout gardé. Et leurs parfums aussi. « Y a tout d’même des choses / Qu’une femme n’oublie pas… » chantait naguère Yvette Guilbert.
Léo Ferré, Michèle Bernard, Anne Sylvestre, Francis Blanche, Barbara, Allain Leprest, Claude Nougaro, Hélène Martin…, le générique est prestigieux. Auquel, modestement, judicieusement, Bezriche ajoute des textes à elle, en apartés, qu’elle dit et ne chante pas, qu’elle n’a pas chantés en fait depuis des années, depuis la disparition de son époux de musicien, et qui trouvent ici leur juste et précise place. Élégant fil rouge s’il en est.
Magnifique, précieuse interprète qu’est Natasha Bezriche. Rien qu’en l’écoutant, on apprend de la chanson. J’ose même prétendre qu’avec ce répertoire, on apprend des femmes.
Le site de Natasha Bezriche, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
Mise à jour novembre 2023 : Album CD à venir actuellement en préfinancement sur Hello Asso.
C’est une fille !
Une exclamation qui sonne joyeusement de nos jours et sous nos latitudes, mais qui longtemps et en de nombreux lieux trahissait une intense déception, parfois même une condamnation pour la mère.
Le concert débute par un intéressant débat qui explique leur démarche, le choix pour décrire tous les aspects de la condition féminine, du réaliste au léger en passant par tous les degrés d’émotion. Chanté par des hommes, vision machiste ou solidaire, par des femmes, soumises ou révoltées, fatales ou féministes.
Autre enregistrement disponible sur YouTube :
« Il était une voix » (Piaf) au 6e Festival Jean Ferrat
https://www.youtube.com/watch?v=hlka2tJmc70
(don possible sur la cagnotte https://paypal.me/pools/c/8x68jsMZGq)
Le lien pour financer l’album « Dames brunes »:
https://fr.ulule.com/cd-dames-brunes/