Michèle Bernard : le facteur passe toujours deux fois
On ne se posera pas la question de savoir si c’est mérité. On se la posera de savoir pourquoi la chanteuse de Saint-Julien-Molin-Mollette (on dit en ce cas une « Piraillone ») n’a pas été en une d’un magazine avant. Quoi qu’il en soit, Michèle Bernard est par deux fois, simultanément, à la « une » de la presse chanson. Á la une de Je Chante !, le magazine quasi annuel de Raoul Bellaïche. Á la une d’Hexagone, le trimestriel de David Desreumaux. Á ces deux-là, on leur dit merci, on leur dit bravo. Merci de mettre l’évidence à la une. L’occasion est belle de feuilleter ensemble l’essentiel du sommaire de ces revues, tout en vous recommandant de vous y abonner car, même avec la meilleure volonté du monde, vous ne les trouverez pas en kiosques.
JE CHANTE (numéro 18, mars 2021)
Le sommaire de ce numéro est à l’image de cette année 2020 dont l’une des rares satisfactions fut la sortie de cette formidable intégrale Michèle Bernard, coffret paru chez EPM. Et dont l’émoi, les mois, furent parsemés de tristesse, à mesure des disparitions dont le magazine se fait l’écho par des hommages costauds, documentés et, pour dire vrai, passionnants. Ce numéro est d’ailleurs dédié à Jean-Michel Boris et à Anne Sylvestre. Et nous entretient longuement de Juliette Gréco (par une interview de 1963 !), de la parolière Michèle Senlis par huit pages méritées, de Jean-Loup Dabadie et de Christophe. Une pleine page recense, laconiquement, les décès depuis le précédent numéro : la liste est longue et triste comme un jour sans pain…
Tout au long de douze copieuses pages, Michèle Bernard refait, au micro de Raoul Bellaïche et de Colette Fillon, son parcours de vie, du Théâtre des Jeunes Années de Lyon à aujourd’hui. Plus qu’une biographie, c’est aussi une réflexion sur toute une vie d’artiste à la marge de la reconnaissance des médias. Extrait : « Je pense que que le show-business relève du monde médiatique dans lequel je ne suis pas, il n’a fait que m’effleurer à mes débuts, avec des règles de fonctionnement qui ne sont pas les miennes. Moi, je suis plus dans l’artisanat. Quand on est dans le show-business, on est massivement diffusé en radio et en télé, on fait des tournées organisées par des producteurs, dans de grandes salles. Moi, quand je tourne, je réponds à une demande du milieu culturel, du milieu associatif, mais je ne suis pas dans le monde des producteurs du show-biz. Dans show-business, il y a business et potentiellement, je ne suis pas quelqu’un qui peut rapporter beaucoup d’argent. Cela dit, je n’en conçois aucune tristesse ».
Au sommaire également, entretien avec Gilles Servat (au sujet du très beau À cordes déployées où il revisite certaines de ses chansons réarrangées pour un trio classique), hommage à Guy Béart à l’occasion de la sortie de son intégrale discographique chez Universal et à Marie Laforêt suite à son intégrale parue chez Polydor, à Léo Ferré suite à la sortie du second coffret de son intégrale chez Barclay, , Coup de projecteurs sur Gilbert Laffaille et à ses Beaux débuts, à Yvan Dautin pour La plume au cœur, ainsi qu’à Francesca Solleville pour Récitals, tous trois publiés chez EPM, Coup de chapeau
Rencontre avec Guy Marchand, Jean-François Michael (souvenez-vous Oh ma jolie Candy…), Gérard Layani, Raymond Jeannot (ça et quelques découvertes sous la forme de coups de projecteur)… tout peut et doit vous donner envie de commander ce numéro, mieux encore de vous abonner à ce magazine.
Le site (et la formulaire d’abonnement) de Je Chante !, c’est ici.
HEXAGONE (numéro 19, mars 2021)
C’était au printemps 1997 : le nouveau numéro de Chorus annonce un dossier Michèle Bernard. Mais c’est Michel Jonasz, plus vendeur, qui est à la une de ce numéro 19.
C’est ce printemps 2021 : le nouveau numéro d’Hexagone, – le numéro 19 ! – affiche Michèle Bernard à la une. Mais sans dossier, juste quatorze (!) pages d’un autre passionnant entretien mené par David Desreumaux : là encore, du grand art ! Le dossier, lui, est entièrement consacré au père Brassens, « cent ans après, coquin il sort… », qui voit intervenir tant Marie-Thérèse Orain que Contrebrassens (Pauline Dupuy), Jean-Paul Liégeois qu’Yves Uzureau, Pierre Schuller que Pierre de Gaillande ou Loïc Richard (etc), que du beau monde soit dit en passant. Gros et passionnant dossier (plus de soixante-dix pages!) qu’on doit (encore) principalement au boss d’Hexagone, David Desreumaux, et à notre trop rare collègue Patrick Engel. Par plusieurs événements éditoriaux présent comme à venir, nous reviendrons sur ce centenaire pas commun : vous pensez, l’homme à la pipe, celui qui disait savoir mieux fumer que chanter. En attendant, réjouissez-vous de ce succulent dossier. Bien sûr on chipotera des lacunes (notamment et surtout dans la discographie des repreneurs de Brassens, mais il y en a tant et tant qu’il faudrait presque un dictionnaire pour tous et toutes les recenser) mais on gardera ce numéro comme mémorable pierre blanche.
Michèle Bernard et Georges Brassens ne sont pas seuls à habiter les pages d’Hexagone en ce numéro de printemps. Que nenni ! Dimoné, Thomas Pitiot, Romain Humeau, Emma Daumas, Lili Cros & Thierry Chazelle, Lo’Jo, Karen Lano, Steve Normandin et Gisèle Pape complètent le sommaire d’un numéro qui a retrouvé l’embonpoint qui lui va si bien : 184 pages d’une actu foisonnante, passionnante.
Le site (et le formulaire d’abonnement) d’Hexagone, c’est là.
Michèle Bernard (et Anne Sylvestre) « Madame Anne »
Michèle Bernard « Tout’s manières » :
Georges Brassens « Le petit joueur de flûteau » :
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