Mathieu des Longchamps, entre Paname et Panama
Si l’on en croit sa bio officielle, Mathieu des Longchamps a déjà connu quelques vies. D’abord une petite enfance de rêve : né au Québec, il a ensuite vécu ses six premières années au Panama, dans une cabane sur pilotis. Scolarité plus classique ensuite, à Paris, toujours entouré de musique, entre sa maman chanteuse de folk et son père guitariste de flamenco. A 18 ans, départ pour Buenos Aires, pour y parfaire sa formation musicale. S’ensuit une vie de déménagements, entre l’Uruguay, l’Espagne, la France, l’Italie… En 2018, un E.P. de 4 titres permet de faire sa connaissance, avant qu’enfin n’aboutisse sur nos lecteurs ce premier album, Vivo en Panama, écrit et composé par l’artiste, réalisé par Stan Neff.
Le titre de l’album laisse augurer une mise à l’honneur des tonalités sud-américaines. Impression confirmée à la lecture du livret, puisque 3 chansons sur les 14 qui composent le disque sont totalement en espagnol, quelques autres mélangeant les deux langues. Le beau Mathieu (oui, en voilà au moins un qui remplit les critères vantés par Fabien Lecoeuvre !) ne s’adonne toutefois pas à un exotisme de pacotille pour touristes en goguette. Si son folk se teinte d’accents caribéens, c’est pour nous chanter la nostalgie de son enfance (La Guaira, nom du village panaméen où il a grandi), l’avenir qu’on redoute (Les bras dans les bras), l’errance (Là-bas), la différence (Mon étrangère) et la sérénité d’esprit (Rumba Clara)… Pas d’invitation endiablée à la fête sur des rythmes tropicaux, mais une discrète mélancolie susurrée d’une voix posée, qui nous entraîne en douceur dans son univers ouaté auquel il est bon de s’abandonner. Sans pour autant éviter les sujets plus graves, comme la souffrance des pères forcés à l’exil pour que leurs enfants puissent vivre mieux (Héros anonyme), la rupture de l’amour qu’on pensait éternel (Ni les nuages ni le vent) et la vaine tentative de le reconquérir (Les anges).
Vivo en Panama a bien des atouts pour gagner les cœurs. Loin des rythmes nerveux d’un Manu Chao, qu’on ne peut qu’évoquer pour ce métissage franco-espagnol, les chansons de Mathieu des Longchamps empruntent les chemins de la délicatesse, de la douceur gorgée de chaleur, de l’évasion nonchalante. Un monde où le soleil est roi, sans masquer pour autant l’ombre qu’il engendre. Un disque à la fois penché sur le passé doré de l’enfance et tourné vers l’optimisme de l’avenir. Un album qui fait du bien, qui emmène en voyage, qui berce l’auditeur d’une poésie tranquille et le pare d’un sourire bienvenu.
Et quand le refrain d’une chanson claque comme un manifeste, comment ne pas croire au succès de celui qui le porte ? Je sens qu’ça s’éclaircit devant / Bientôt le futur, j’te jure, aura fière allure / J’remets ma cape d’adolescent / Et j’pars en conquérant errant. Quoi de plus beau qu’un rêve qui se réalise ?
Pol de GROEVE
Mathieu des Longchamps, Vivo en Panama, Polydor/Universal, 2021. Le site de Mathieu des Longchamps chez Universal, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.
La Guaira
Les bras dans les bras
Là-bas (clip officiel)
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