Karen Lano, retour réussi au royaume de l’éphémère
Retour réussi à la langue française pour Karen Lano avec un album aux accents fiévreux et inspirés par des mondes imaginaires ou chimériques. Nouvelle étape réussie pour une artiste au parcours commencé en 2007 à New-York avec un album en anglais « My name is Hope Webster ». Voilà que la parisienne installée désormais en Normandie se donne un nouvel horizon. Avec à ses côtés, une équipe au diapason de son voyage intérieur et musical : le guitariste Olivier Legall, partenaire de composition depuis 2016, qui habille les chansons d’amples développements ; la violoniste aux accents folk d’Europe centrale Marie Lesnik, le batteur Thomas Chalindar. Et, notamment encore, à la réalisation artistique, une première, le duo Facteurs Chevaux (Fabien Guidollet et Sammy Decoster) et leur « folk alpin incantatoire et onirique », grandeur nature. A la prise de son Jean-Baptiste Brunhes (Jeanne Cherhal, Bertrand Belin, Miossec). Certaines chansons sont co-écrites par Émilie Marsh et Charlotte Savary.
C’est dans un lieu à l’acoustique particulière, une église campagnarde, dans l’Eure, que « Muses » a été enregistré. En captant l’esprit du lieu (brève sonnerie d’une cloche pour l’angélus par exemple). L’album en porte la trace, la résonance et le souffle étrange tant légendaire que proprement spirituel. Karen Lano explique avoir voulu aborder dans ce cadre des thèmes portant sur le féminin sacré. Ainsi que celui de la résilience et la capacité de transformer les épreuves en renouveau, la renaissance, cultivant la positive attitude. C’est aussi du côté de l’enfance si l’on en croit la photo de couverture que se profile ces chansons hors du temps, inscrites au royaume de l’éphémère.
Dès le premier titre Pégase, c’est à l’envol, loin du terre à terre, qu’invite Karen Lano, d’une voix aérienne. Dans ce morceau qui va crescendo l’humeur est à la partance. Comme dans ce doux Sirocco. La robe blanche décrit au son d’une guitare électrique les moments de grâce vécus, puis envolés, en un été. Muse laisse entendre une épopée médiévale accompagné de percussions obstinées. Nuit enfin, où le temps qui passe se déploie en des chœurs généreux, somptueux. Comme de petites lumières pour des temps plutôt obscurs.
Robert MIGLIORINI
Karen Lano, Muses, Le chant des Muses / Modulor 2021. Le site de Karen Lano, c’est ici.
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