Nicolas Moro, l’élégance du folk chanteur…
Partez en vacances ! Comment ça, ce n’est pas le moment ?! Alors, mettez ce CD sur votre chaîne et fermez les yeux… Les grands espaces, l’aventure sur les routes, le Grand Ouest, sont là dans votre salon… Peut-être vous ferez-vous avoir comme moi à la première écoute ? Dès Mollo, l’univers faussement désinvolte est posé, et on se fait embarquer par le timbre élégant de la voix de Nicolas Moro, tout prêt à suivre son conseil : « On est si peu de temps sur terre / Je ralentis le pas ». A peine sommes-nous charmés qu’il nous cueille avec la belle nostalgie de Cet été-là, la mélodie est entraînante, on se surprend à danser, ça swingue et ça balance !
On ne reviendra pas sur son groupe précédent Opa Tsupa, mais Nicolas Moro est un musicien hors pair, depuis longtemps plongé dans le rock, le blues, le jazz, voire la country. Les mélodies sont au cordeau, la guitare égrène des notes tout simplement addictives… et oups, on se surprendrait presque à en négliger les paroles ! Bien heureusement, elles ne se noient pas sous la musique, la voix y est bien présente et, Entre deux moments de plaisir, on a largement le temps de savourer un bel humour en demi-teinte « Au bout d’un blanc, au bout d’un blanc très long / Je te réponds : « Mais oui c’est vrai, là dis donc » qui est à notre grande joie un des signes de fabrique du chanteur…
Cela donne-t-il une idée des talents du parolier exigeant qu’est Nicolas Moro ? Absolument pas, tout est tellement fluide qu’on en oublierait le travail. Ce serait dommage ; il faut donc le lire, il faut donc s’asseoir. Alors, après vous être déhanché comme un fou, reposez-vous (faut y aller Mollo, on vous l’a dit) en lisant le livret des paroles… Pour Le baron par exemple, et sa délicieuse mandoline accompagnant le départ d’un mafioso craint jusqu’à la tombe ! Admirez au passage l’inspiration folk de la belle pochette ; le chanteur assis devant une cabane de bois qu’on imagine américaine, place une fleur des champs dans sa poche de poitrine. Chanter ? Jouer ? Que nenni, la guitare repose à côté contre une baignoire rouillée, l’heure semble être à la paresse, puisque Mollo il faut aller…
L’univers de Nicolas Moro ? Celui de la loose qui chante Tu picoles dans une ambiance western de saloon, où La cavale est finie avant de finir Au violon dans « Les punaises, les cloportes »… Le voleur se fait rattraper après avoir longtemps couru la campagne, les vagabonds dorment dehors sous Une étoile, et les arrangements subtils de Nicolas Moro nous rendent ces ambiances terriblement « romantiques » dans le sens premier du terme ! Avec toujours Richard Puaud aux manettes, on retrouve entre autres dans cet album les excellents musiciens de L’amour est un oiseau volage sorti en 2018, dont Eric Sansiquet à la contrebasse et Alban Mourgues à la batterie, avec lesquels il joue aussi en trio sur scène.
On en danserait presque sur la vie du pauvre condamné ; c’est la profonde mélancolie du blues ou du folk qui se joue là, les thèmes éternels et toujours inspirants du poor lonesome cowboy ou du one man band Stompin’ Joe qu’est aussi Nicolas Moro dans un autre registre très blues… Un vent de liberté souffle sur ces chansons, on devine que Si j’avais du fric, bref « Si j’avais de l’artiche », ce ne serait pas une fin en soi…
On plante ici des décors, chaque chanson y a le sien propre, l’amoureux déçu de « Tu fais semblant », le dilettante de « Mollo », la nostalgie du jeune amour de « Cet été-là »… Des tranches de vie se dessinent, profondément humaines et touchantes derrière la dérision et la voix flegmatique du crooner.
En miroir de « Mollo », l’album se referme sur l’apologie du « QI d’un chicon » ! « Quand on est con la vie est belle »nous chante-t-il avec cette dernière chanson… Son titre ? Qu’est-ce qu’on est bien. Exactement ce qu’on se dit à l’écoute de ce CD.
Les moments d’évasion sont rares en ce moment, on ne peut que vous recommander de vous mettre entre les oreilles ces belles mélodies qui swinguent et de vous laisser porter par la voix chaude de Nicolas Moro. Allons-y Mollo, mais pourvu qu’on le retrouve vite sur scène !
Anne LEFEBVRE
Nicolas Moro, Mollo, Label Sans Provision, autoproduit 2021. Le site et la boutique de Nicolas Moro, c’est là. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Nicolas Moro, c’est ici.
« Si j’avais du fric » audio :
Mise à jour vidéos 16 juin 2024
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