Lisbone « Le Vietnam sous la neige »
Le quidam s’imagine encore
Dans les rues de Saigon
Où les larmes tombaient nettes des avions,
Incendiaires le long du cœur.
Dans son crâne se dessinent
Un obus en béton, le napalm et des chouettes au plafond.
Des rizières le long des corps
Attisaient les flammes,
Chevauchaient le dragon,
Egrainaient les arpèges
Du Vietnam sous la neige.
Lisbone
Paroles et Musique Benoît Jalabert-Therre (Lisbone). Extrait du six titres « Lisbone » (2021)
Le montpellierain Lisbone s’est d’abord fait connaître par la reprise du tube incontournable de Desireless Voyage, Voyage (Jean Michel Rivat / Dominique Dubois), d’abord en version diurne, tournée à la Grande Motte, acoustique en 2018, puis en avril 2020 en version plus électro nocturne et dansante revisitée par Kenza Madsen. Dans les deux cas sa voix douce et expressive nous convie à une évasion par l’imaginaire, particulièrement appréciée dans ces périodes de confinement.
Il publie en mars un six titres, reprenant ces deux versions, dont il a écrit et composé quatre chansons, Un loup pour l’homme, où la légèreté apparente cache la révolte d’un sans-abri laissé pour compte ; De plus que moi, sur les lendemains d’une rupture, réalisée en collaboration avec Romain Preuss (Ours, Pauline Croze), où la musique électro habille subtilement la mélodie mélancolique ; et Michel, ballade émouvante, hommage à un ami disparu accidentellement. « D’où que danse le feu / Au-dessus des nuages / Il est des soleils bleus / En moi il pleut / Une âme si belle / Un homme… ». Cordes, piano, arrangements mixés par Yann Arnaud (Cocoon, Pomme…) contribuent à l’émotion sur les belles images de Tom Courrieu.
Quant à la chanson Le Vietnam sous la neige, elle laisse toute leur place aux affabulations nées de l’imaginaire d’un proche, filmant dans sa tête des images épiques entre rêve et réalité, sur le beau noir et blanc de Marion Castéra. La mélodie, les cordes, la batterie soutiennent parfaitement la voix de Lisbone pour une atmosphère tragique.
Pour voir la présence de Lisbone sur scène, juste avant la grande éclipse, c’est là : C’était quoi son nom.
Bel équilibre entre force et douceur, expression et atmosphère, dans une alliance constructive entre acoustique et électronique. A suivre.
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