Philippe Chatel, 1948-2021
Il restera dans nos mémoires comme l’auteur interprète de deux, trois chansons, ce qui, à bien y regarder, est déjà beaucoup. De quoi échapper un bon moment au total oubli. Il fut garçon de courses pour Henri Salvador. Puis rédacteur de messages publicitaires. Ses temps libres il les consacre à écrire des chansons, qui ont pour beaucoup l’empreinte de son maître Brassens dont il écrira bien plus tard une biographie. Un premier disque en 1976 et c’est bingo : rappelez-vous, « J’t'aime bien Lili / Pour tous les livres que tu lis / J’t'aime bien Lili / J’t'aime bien au lit, j’t'aime bien au lit aussi / Tu es le « i » du mot ma nuit, du mot ma vie / Aussi » Vous voyez, à me lire vous le fredonnez déjà, vous en connaissez encore toutes les paroles. L’année suivante, c’est J’suis resté seul dans mon lundi, puis Mister Hyde en 1978. Du joliment bien troussé, du gentil, pas de quoi en faire une grande vedette (il y a concurrence en ces années-là) mais vous nettoyer les oreilles d’une variété navrante et bruyante.
Son plus grand succès à venir, en 1979, sous la forme d’un 33 tours entre tous mythique : Émilie Jolie. Avec la participation d’Henri Salvador et de Georges Brassens déjà cités, de Julien Clerc, Françoise Hardy, Eddy Mitchell, Robert Charlebois, Yves Simon, Isabelle Mayereau, Diane Dufresne, Louis Chedid, Sylvie Vartan, Alain Souchon, Laurent Voulzy et Philippe Chatel. « Je m’appelle Emile Jolie / Je m’appelle Emilie Jolie / Je voudrais partir avec vous tout au bout du ciel / Sur vos ailes / Et je voudrais vivre avec vous ma vie ». Une comédie musicale écrite pendant deux ans, pour sa fille Emilie qui venait s’asseoir près de lui quand il jouait du piano et dont il a rêvé les artistes idéaux qui pourraient en interpréter les différents personnages. Cette comédie musicale deviendra un absolue référence de la chanson pour enfants, tant qu’elle sera reprise en deux autres versions, avec chaque fois une nouvelle livraison d’artistes.
Le succès pour toujours ? Non. De 1981 à 1994 il sortira quatre autres albums, sans grand écho. Et, en 1983, un autre conte musical, Les aventures de Tom-Tom Tommy, mais il ne décrochera pas le pompon une seconde fois.
Et c’est tout, ou presque. Un grave accident de quad le laisse un temps paralysé, il en gardera pour toujours des séquelles. Ultime album, Renaissance, en 2016 chez EPM, inaperçu. Que des titres estimables (écoutez en vidéo L’absence ci-dessous), mais une voix en partie méconnaissable, un disque où les dix premiers titres tranchent d’avec les quatre derniers, enregistrements tirés d’un passé révolu.
Et aujourd’hui cette crise cardiaque qui ravive nos souvenirs. Un peu à la manière de Jean-Michel Caradec, mais en plus estompé, moins engagé, on gardera de Philippe Chatel l’idée d’un bon trousseur de chansons, d’une voix douce qui imposa ses paroles et ses mélodies mémorables, dans des émissions de variétés où l’atypique qu’il était tranchait quelque peu.
Henri Salvador, Georges Brassens et Séverine Vincent « Chanson du hérisson » d’Emilie Jolie, en trois parties :
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